Albanie – octobre 2022

Mercredi 26 octobre : arrivée à Tirana

Tirana est une ville qui est loin d’être uniforme : immeubles contemporains, églises, mosquées, quelques immeubles rappelant l’architecture soviétique et d’autres bâtiments plus classiques. La ville est très animée : il y a beaucoup de voitures, de vélos et quelques trottinettes. On est bien en Europe.

Il y a beaucoup de petits parcs. Les gens sont très accueillants. Dans l’hypercentre de Tirana, on ne voit pas la pauvreté annoncée dans les guides. Les roms, qui ont été sédentarisés de force sous la dictature, semblent les plus pauvres, comme en Bulgarie.

Il n’y a pas de numéro et les ruelles ou les impasses adjacentes ont le même nom que la rue. Notre hôtel, bon marché (20 euros la nuit en plein centre) est dans une ruelle que nous avons eue des difficultés à trouver.

Nous allons chercher un restaurant de bonne heure pas très loin de notre hôtel car nous sommes debout depuis 4 h !

Jeudi 27 octobre : aller retour à Kruje

Hier, nous avons trouvé un restaurant proche de l’hôtel et nous nous sommes couchés tôt ! La cuisine était méditerranéenne : feuilles de vignes, fromage avec des aubergines, salade, olives et grillades…

Aujourd’hui, nous avons pris le bus pour aller dans les montagnes, voir Kruje. Un village charmant avec une forteresse. Une belle balade.

Il est très facile de se déplacer en Albanie en mini bus. Dès notre arrivée, à la gare routière, un homme est venu nous demander où on allait. Il nous a montré notre bus. Il part à l’heure pile. Tout au long du trajet, le chauffeur s’arrête pour prendre des passagers. Il ne semble pas avoir d’arrêts déterminés. Le mini bus est comble sur certaines parties du trajet.

Igor a laissé sa place à une vieille dame, les albanais étaient étonnés qu’un touriste le fasse. Très agréablement surpris. Et dès qu’une place s’est libérée, ils ont insisté pour qu’Igor la prenne. J’aime ces moments dans les transports en commun, où il y a une vraie communication qui passe malgré le barrage de la langue.

Les albanais sont vraiment très accueillants et très souriants. C’est très agréable. Comme si, vu ce qu’ils ont vécu, pendant les 40 ans de la dictature, ils étaient heureux de vivre plus libres. Cela ne les empêche pas d’émigrer en force. La population diminue comme en Arménie.

Les albanais parlent avec les touristes en anglais ou parfois dans un mélange d’anglais et d’italien. On se comprend parfaitement.

On a croisé quelques carrioles. Certaines femmes âgées sont habillées en noir avec un fichu blanc, mais la manière de s’habiller des albanais est très proche de la notre.

Nous revenons sur Tirana. La nuit tombe à 17 h 30. On entend le muezzin. Après 40 ans d’athéisme forcé, les religions sont à nouveau présentes. C’est un pays musulman modéré, on voit peu de femmes voilées.

Vendredi 28 octobre : visite de Tirana

Aujourd’hui, on est passé dans le quartier du marché où il y des façades d’immeubles très colorées. Deux mondes se côtoient, une classe moyenne qui semble vivre presque comme en France et des personnes plus en difficulté. Le salaire moyen est de 400 euros. Il y a beaucoup de personnel dans les restaurants, les bureaux. Comme dans beaucoup de pays anciennement communistes ou pauvres il y a encore des receveurs dans les bus.

Il y a beaucoup de terrasses en ville, l’ambiance est détendue. Mais la ville est bruyante car il y a beaucoup de voitures et de passants qui déambulent. Heureusement, il y a des grandes places arborées et des parcs.

Nous prenons le bus pour le Bunk’art. Le receveur nous indique l’arrêt, car il n’y a pas de plaque pour se repérer. Ce lieu est très particulier. C’est un immense bunker souterrain transformé en musée. Le dictateur qui est resté au pouvoir pendant plus de 40 ans a fait construire de multiples bunkers : il craignait à la fois les soviétiques, dont il s’était détaché en 68, et les « impérialistes américains ».

L’abri anti-atomique de Tirana est immense. Dans les salles, il y a des photos, du mobilier, du matériel commémorant l’histoire de l’Albanie du 20ème siècle mais aussi des installations artistiques recréant des ambiances C’est une visite très particulière, un peu lugubre. Nous ne sommes pas mécontents de retrouver le soleil en sortant.

Nous montons au dessus de la ville grâce à un téléphérique à 1600 m d’altitude. En haut on peut marcher dans la forêt mais nous faisons rapidement demi tour car la pente est trop abrupte pour mes chaussures de ville ! Il y a des attractions, un restaurant panoramique où nous mangeons.

Ce qui me choque toujours, je l’ai déjà vu dans les Balkans et les pays du Caucase, ce sont les attractions guerrières. Des stands de tirs avec des fusils mitrailleurs factices pour éclater des ballons ou des mannequins. Mais ici pas de tanks comme en Bulgarie, heureusement.

Nous changeons de logement, cette fois nous sommes dans un appartement, lui aussi difficile à trouver vu le peu de plaques de rues et l’absence de numéro.

Samedi 29 octobre : départ pour Berat

Aujourd’hui, nous avons repris un bus pour partir à Berat, ville classée à l’UNESCO. La gare routière est plus animée que la dernière fois. C’est un vrai capharnaüm. Des bus et des voitures dans tous les sens. Le premier bus est complet, nous en attendons un deuxième qui se remplit rapidement aussi.

Nous prenons l’autoroute dans la direction de la mer. La mer est d’un bleu intense. Tout au long de cette autoroute, beaucoup de zones artisanales, de maisons qui semblent en construction depuis longtemps, de maisons fermées. Une urbanisation assez anarchique.

Des piétons marchent le long de l’autoroute, le chauffeur s’arrête pour déposer des colis ou des personnes à certains endroits qui ne sont pas des arrêts. Puis nous prenons une route bordée de vergers de kakis, de grenades, de pommiers, d’oliviers.

La ville de Berat est superbe avec sa forteresse et ses maisons blanches pleines de fenêtres. Ici aussi il y a des mosquées et des églises orthodoxes. On entend l’appel à la prière musulmane puis les cloches.

Dans la forteresse, nous visitons un musée d’icônes. L’église étant désacralisée, on peut visiter la chapelle derrière l’iconostase normalement réservée au clergé orthodoxe. C’est une première pour moi. Je me suis toujours demandé ce qu’il y avait derrière cette cloison. Cela donne un petit air d’interdit qui m’enchante. Ici il y a des fresques et un autel. C’est une ambiance particulière.

Nous avons trouvé un petit hôtel charmant pour y passer la nuit.

Dimanche 30 octobre : visite de Berat et retour à Tirana

Beaucoup de péripéties aujourd’hui.

Nous avons commencé par un super petit-déjeuner en terrasse puis nous avons visité le musée ethnographique. C’était intéressant, car le document prêté est écrit pour une fois en français. Il explique la manière de vivre au 19ème siècle dans ce quartier musulman. Grâce à une cloison et 2 portes, les femmes vivaient soit avec les hommes ou soit dans une partie isolée de la maison quand des visiteurs masculins venaient. Les femmes pouvaient voir les hommes mais les hommes ne pouvaient pas les voir ; ainsi, elles pouvaient vérifier qu’ils ne manquaient de rien…

La personne à l’accueil me demande pourquoi il y a tant de français : je ne sais que lui répondre. Depuis notre arrivée nous croisons surtout des italiens et des Allemands, mais nous sommes très loin du tourisme de masse.

Après cette visite, nous sommes montés dans les ruelles, montés, descendus et remontés…nous avons croisé un maçon qui apportait des briques avec un âne.

Je vois une porte ouverte avec l’indication « monument culturel ». Hier, cela nous a permis de visiter un monastère. Comme je suis curieuse, je rentre dans la cour. Igor me suit. Et là, nous avons la surprise de rentrer dans une maison particulière. Un homme nous fait signe de rentrer. C’est un couple qui fait visiter sa maison et sa terrasse !

Le salon a un beau plafond et de belles portes de bois sculptés. Pendant que le mari nous fait visiter sa terrasse et nous offre des mandarines de son mandarinier, la femme nous a préparé une petite collation. Des cerises au sirop, du raki pour Igor et une liqueur pour moi. On n’ose pas refuser. Je bois sans difficulté ma liqueur, mais Igor a plus de mal à avaler un alcool fort à 10 h du matin ! En Albanie, le raki est l’équivalent de notre eau de vie. Plus fort qu’une vodka et ce n’est pas l’heure !

On se regarde avec Igor, on ne savait ce qu’ils attendaient de nous. Ils ne parlaient qu’en albanais. Je finis par sortir un billet de 500 leks, ce qui fait 5 euros. La dame semble ravie. Ouf, je ne me suis pas trompée !

Nous continuons notre périple dans les ruelles pour arriver à une chapelle byzantine. Là, un homme nous accueille, nous donne des cierges fins que nous ne pouvons pas refuser. Il veut absolument échanger avec nous ; il parle en italien avec quelques mots de français ponctués de gestes.

Il nous parle de plusieurs sujets : de ses lectures de romans historiques ; il en a lu un sur Toulouse ; il nous parle de politique, de Le Pen et de Poutine, de fascisme, de Macron, de l’église byzantine, de foot… Je lui réponds avec des mots italiens et espagnols. Il ne parle pas anglais. Son fils qui travaille ici, a fait des études de médecine à Bucarest. Il en est très fier. Il nous prend en photo, mais dommage, la photo est floue.

Nous visitons ensuite un peu le quartier moderne et nous reprenons le bus pour rentrer sur Tirana et partir à la recherche de notre dernier hébergement. Comme à chaque fois en Albanie, ce n’est pas simple. On finit par comprendre qu’il faut aller derrière les immeubles en façade. Mais nous n’avons que le nom de la rue et toujours pas de numéro.

Nos demandons une première fois, mais on nous indique un hôtel qui n’a aucun rapport avec l’appartement loué. On déambule dans le quartier. La localisation de Maps est trop floue pour nous aider. On demande à une coiffeuse qui nous demande le numéro de téléphone de la logeuse pour l’appeler. Elle me la passe. Elle nous donne le numéro de l’entrée de l’immeuble et le numéro de l’appartement.

Elle me dit que la porte est ouverte. Au premier étage, il n’y a pas de numéro ; on continue à monter et on trouve l’appartement. Mais il ne correspond pas à notre réservation. On communique par message et on comprend que nous partageons le logement et la salle de bains avec d’autres personnes et qu’il n’y a pas de clé.

Ce n’est pas ce qui était prévu. Notre logeuse finit par arriver et nous propose une autre chambre plus loin. Elle arrive avec son fils et miracle, elle parle français. Elle nous amène chez elle en voiture dans une villa loin du centre ville où elle loue des chambres. Nous n’avons pas tout compris mais elle s’excuse pour le dérangement.

Nous trouvons un restaurant où la carte n’est pas traduite. Heureusement, Google traduction nous permet de comprendre l’albanais et il y a quelques mots transparents comme « patate ». Ce quartier n’est pas touristique, on mange pour 3 euros au lieu de 10 euros en moyenne.

Demain, nous devrons prendre le bus pour aller en ville mais ce n’est pas un problème pour nous. On ira peut-être à la mer.

Lundi 31 octobre : aller retour à Durres

C’est notre dernière journée en Albanie. Hier matin, on s’est à nouveau aperçu que l’anglais n’était parlé qu’au centre de la ville et dans les lieux touristiques ; même les jeunes ne le parlent pas ailleurs.

En Albanie, dans tous les endroits où nous sommes allés, il y a une multitude de terrasses de cafés pleines de monde. Souvent, les gens boivent seulement du café et restent des heures à discuter. Il y a aussi des hommes qui jouent aux dominos. Les hommes âgés sont souvent en costume.

Le bus est comble pour aller au centre. Pour rentrer, je force un peu le passage et j’entraîne Igor derrière moi. J’ai plus l’habitude que lui des transports urbains.

Nous partons à la recherche d’un musée contemporain. J’aime beaucoup voir la peinture des années de propagande dans les musées de l’est. Mais ni le Petit futé, ni Google Maps, ni le site du musée ni la personne à qui je demande nous permet de le trouver. On ne sait pas s’il a disparu dans les nouvelles constructions gigantesques en cours. Soit l’adresse est erronée soit il n’est pas où il devrait être.

On abandonne, après avoir tourné longtemps dans le quartier des ministères. Nous prenons le bus pour Durres, une ville portuaire sur la mer Adriatique où il y a des ferrys qui partent vers l’Italie. C’est une ville très bétonnée, avec quelques vestiges antiques noyés dans les immeubles. Elle est très animée.

Dans le bus, une femme sort deux mandarines de son sac et nous les offre. Elle s’adresse à un jeune pour qu’il traduise. Ce sont des mandarines fraîches de son jardin. Elles sont délicieuses. C’est étonnant ce don spontané dans un bus. Les albanais sont spécialement accueillants, souriants envers les touristes. Même quand ils comprennent que nous sommes français alors que Macron s’est opposé à leur entrée de l’UE.

C’est vraiment un pays de paradoxe : malgré sa réputation de plaque tournante de la drogue et de trafic humain, on sent une ambiance tranquille. Peu de policiers et ils ne sont pas surarmés comme en France.

Les albanais ne ferment pas leur porte ; on a une impression de sécurité. Pourtant dans le pays perdurent les vendettas familiales ; les femmes sont peu protégées contre les maltraitances, la mafia reste très importante. Le gouvernement actuel pro européen essaie de progresser sur ces sujets mais les 40 ans de dictature et la guerre civile de 97 ont laissé des traces.

Le nationalisme et le fascisme sont rejetés par les albanais. C’est vraiment une société qui progresse en matière de droits humains mais qui est encore fragile. La moitié des albanais serait pour une entente avec les pays des Balkans non admis au sein de l’UE.

On se balade en front de mer, je marche dans l’eau comme chaque fois que je le peux, le repas au restaurant en front de mer est très bon. Mais ici, les plages sont très sales et polluées. Nous assistons au coucher du soleil qui intervient très tôt à 16 h 30, en raison du changement d’heure et du fait que nous sommes très à l’Est. Sur les trottoirs, il a quelques mendiants, des petits marchands qui vendent des plantes aromatiques, des cigarettes à l’unité.

Je serai bien revenue en train mais vu l’état de la ligne et des trains, on y renonce. Nous reprenons donc un bus pour rentrer. Une femme en fauteuil roulant attend à l’arrêt. Je me demande comment elle va monter. Je ris en la voyant faire : elle descend de son fauteuil, le monte dans le bus et se réinstalle dedans. Elle doit être connu car personne ne l’aide.

Le soir nous pensions trouver un bon restaurant pour notre dernier repas. La cuisine en général est délicieuse, faite sur place. Le vin est bon avec ce goût typique des vins des pays de l’Est que nous avons découvert en Georgie.

Après avoir beaucoup marché nous sommes attirés par un petit restaurant charmant près du marché. C’est le plus mauvais repas que nous avons fait, en réalité ! C’est un fast food hallal donc sans vin ; le poulet est insipide, la salade de choux immangeable ! On se console en allant boire des limonades à la fraise et en mangeant un gâteau dans un café. Ici on sert aussi des jus de grenade délicieux.

Mardi 1 novembre : départ de Tirana

Aujourd’hui c’est le retour, Tirana – Francfort puis Toulouse.

Je suis ravie d’avoir découvert ce pays, nous pensons y revenir pour visiter le sud.

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