
Dimanche 30 avril : Sofia
Nous voici à nouveau à Sofia. Nous n’y resterons pas longtemps, nous repartons demain aux aurores. La ville a peu de charme. Son nom m’a toujours fait rêver mais la réalité est décevante. C’est une ville où il y a peu de vestiges historiques ; par contre elle est très vivante. Certaines rues piétonnes sont agréables. Après avoir cherché un petit restaurant proposant des spécialités bulgares, et avoir déambulé nous choisissons un turc ! Un comble en Bulgarie.
Petite particularité de l’hôtel, le lit est très grand mais la couette est toute petite, pas du tout adaptée au lit. Cela nous a fait sourire. Mais nous avons eu comme cadeau de bienvenue une bouteille de rosé bulgare ! Demain, nous prenons le train pour une ville à la frontière roumaine : Roussé.



Lundi 1er mai : Roussé
Notre voyage est long : 6 h car il y a 300 km entre Roussé et Sofia. Le train ne roule pas très vite. Au début, nous étions en pleine montagne et il avançait très lentement. Mais, même quand le train semble se déplacer plus vite, on ne dépasse pas la vitesse d’un camion en montée.
Nous avons deux tickets pour ce trajet et nous avions compris qu’il y avait un changement. Mais pas du tout, c’est le même train et nous devons changer de voiture au milieu du parcours. Le contrôleur a beaucoup insisté et nous n’avons pas pu attendre la gare. Et nous voilà, remontant le train, peinant à passer par les portes difficiles à ouvrir et nous nous retrouvons dans un compartiment désuet mais luxueux. La pointe de ma chaussure touchant le fauteuil d’en face, je me suis fait reprendre par une contrôleuse.
Dans les petites gares anciennes les vieux panneaux sont en Bulgare et en français : « entrepôt », « salle d’attente », « chef de gare ». Trace d’une époque où le français était dominant. Actuellement c’est l’anglais, comme partout, ce qui nous permet de nous débrouiller. Mais en dehors de Sofia, c’est un anglais très rudimentaire. Et Igor hésite à parler russe.
La balade dans la ville de Roussé est très agréable. Il fait beau et c’est une ville qui a du charme. Par contre tous les musées sont fermés. On peut se promener le long du Danube qui sert de frontière avec la Roumanie. Elle est animée, beaucoup de personnes se promènent, nous ne croisons pas de touriste. Il n’y a pas de manifestation pour le premier mai, même si c’est un jour férié. Il y a quelques rares vendeurs de muguet. L’hôtel comme le train est très désuet. La salle de bains est minimaliste, la douche peut servir de chasse d’eau, tellement elle est proche des WC et sans aucun rideau.
A midi, nous avons trouvé un restaurant qui fait de la cuisine traditionnelle, mais aussi des pizzas, kebabs et Burgers ! J’ai mangé un ragoût de poulet à la tomate, aux poivrons et aux champignons. Tout cela cuit dans un plat en terre. Ce soir, nous verrons … Les restaurants ne semblent pas très nombreux.














Mardi 2 mai : aller-retour à Ivanovo
Hier soir nous avons trouvé un restaurant bulgare, il n’y a pas de doute : La carte n’est qu’en bulgare et les employés pourtant jeunes ne parlent pratiquement pas anglais. On a bien ri pour choisir nos plats !
Ce matin, nous avons repris le train pour visiter une église rupestre du 5ème siècle. C’est un site classé à l’UNESCO. Elle est à 6 km d’Ivanovo. Ivanovo est un grand village à 30 minutes de Roussé.
Il nous semblait évident que nous trouverions facilement la route ou qu’il y aurait des taxis. Mais, non, rien de tout cela. On a donc utilisé Maps. Au départ, on a suivi une grande route, puis une petite route goudronnée, puis un chemin avec un peu de goudron, un chemin, puis des traces d’un 4/4, un vague chemin dont on ne savait pas s’il avait été fait par un homme ou des animaux, puis plus rien !
Au bout d’un moment après avoir cherché le chemin en vain, on a eu la surprise de tomber sur un monument datant de l’indépendance de la Bulgarie. Cela nous a rassuré ! 10 minutes après nous avons retrouvé la route qui amenait au site. Ouf !
Il y a très peu de monde qui visite ce site. Nous étions seuls dans l’église. Les fresques du 5ème siècle sont bien conservées.
Pour le retour, nous n’avons pas suivi le chemin conseillé par Maps mais la route. Cela a été une belle balade de 12 km.
Le train du retour est très vieux, les fauteuils sont complètement défoncés. Pour revenir à l’hôtel, nous avons pris un autre chemin. Cela a été l’occasion de revoir l’architecture soviétique que l’on connaît bien et des maisons moins restaurées que dans le centre.














Mercredi 3 mai : Roussé puis Isperith
Ce matin, nous nous sommes baladés à nouveau dans Roussé. Nous avons visité deux maisons anciennes transformées en musée. Dans une des maisons, il y avait des panneaux explicatifs. Je n’imaginais pas qu’au 19ème siècle on patinait en hiver sur le Danube. Nous avons vu aussi une église orthodoxe typique de l’ancien empire ottoman. Elle est peu visible, le bâtiment est très bas. On ne pense pas que c’est une église. A l’intérieur, elle est très décorée. La ville se trouvait à l’extrémité de l’empire romain et on peut voir encore des restes du limes, les fortifications qui marquaient la frontière de l’empire.
Nous partons pour la ville d’Isperih, toujours en train. Cette fois il y a un changement dans une gare en piteux état. Le personnel des trains est toujours très attentif. Il nous indique notre arrêt, nous renseigne sur le train suivant. Avec des gestes car là aussi l’anglais n’est pas utilisé ou très peu. La voie de chemin de fer est unique. C’est impressionnant de voir cette voie étroite qui chemine dans la forêt. Il y a juste la place pour le train. Il s’arrête régulièrement quand il y a des petites gares mais aussi au milieu de rien, même pas une cahute ou une route, seulement un grand chemin de terre. Arrivée à Isperih : il y a une gare et une route.
Grâce à Maps nous savons que notre hébergement est à 1500 m. On n’a pas trouvé d’hôtel. Sur Booking, ils annonçaient un appartement avec une salle de bains commune. En réalité c’est une chambre dans une cour, avec les WC dans la cour. Ils ne ferment pas et il y a un lavabo avec de l’eau glacée. Demain je demanderai si on a accès à une salle de bains. J’espère, car dans le WC il y a un tuyau de douche ! J’espère que ce n’est pas la salle de bains annoncée. La logeuse s’est inquiétée que nous ne parlions pas bulgare. Heureusement, Igor a essayé de parler en russe avec elle. Et elle le parle. Ouf ! Demain, nous avons prévu de visiter un site de l’UNESCO. La difficulté va être de trouver un taxi dans cette ville au milieu de la pampa bulgare.














Jeudi 4 mai : Isperith
Ce matin, nous avons visité un site thrace de 2300 ans. Ce sont des tumulus où les archéologues ont trouvé des tombeaux. Les thraces construisaient des tombeaux et les recouvraient de terre. On en a vu trois, dont un très sculpté avec des cariatides. Il est maintenant sous un abri en béton avec des portes coulissantes. Cela donne un côté mystérieux quand les portes coulissent. Il existait à l’origine des portes coulissantes en pierre avec un mécanisme en bronze. Sur le site, il y a de nombreux tumulus mais ils n’ont pas été tous fouillés. Sous un, les archéologues ont trouvé un trésor en or qui est exposé à Sofia. Nous n’avons pas pu prendre de photo. Elles sont interdites. Ce tombeau est vraiment impressionnant à voir. Il y a toujours une atmosphère particulière dans ces sites antiques. J’y suis sensible.
Nous étions seuls pour la visite et la guide parlait français. Ce qui est très appréciable.
Cet après-midi, nous avons été invité à l’inauguration d’une exposition de broderies musulmanes au musée ethnographique. Dans cette région, il y a beaucoup de musulmans d’origine turque. Ils sont restés après l’indépendance. Ce qui explique que notre logeuse parle bulgare et turc comme c’était annoncé sur Booking. Pendant le vernissage, il y a eu des danses et une petite fille a chanté. Deux personnes sont venues spontanément nous expliquer l’origine de cette exposition, une archéologue en français puis une autre en anglais.
La déco du gîte est très kitch, il y a des lions à l’entrée. J’ai trouvé la salle de bains ! Je communique par geste avec la propriétaire. Le réduit qui sert de salle de bains : Un WC, un tuyau de douche avec de l’eau chaude et un cumulus dont la prise est en partie arrachée et une porte qui ne se referme pas. Mais l’eau est chaude c’est l’essentiel.











Vendredi 5 mai : Madara, puis Varna
Départ 6 h du matin. Nous refaisons le même trajet : une toute petite voie où le train s’arrête parfois dans la forêt ou dans de très petites gares comme celle que j’ai photographiée dans le brouillard. Il y a en Bulgarie beaucoup de gares abandonnées, mais le train s’arrête quand même. Les routes pour relier les gares aux villages ne sont pas toujours goudronnées, ce sont des chemins.
Nous avons 2 heures d’attente à Samuil. Nous cherchons en vain un café ouvert. On croise un vieux car du conseil général des Pyrénées Orientales. Ici, comme en Albanie, les cars, les camions et les voitures ont une seconde vie.
La notion de travail n’est pas la même qu’en France. Il y a pléthore de personnel et les employés ont le temps. Ce matin, une femme est venue faire le ménage dans la gare, une autre dans un train.
En 30 minutes, elles avaient fini et elles sont restées discuter sur le quai avec la guichetière qui doit s’ennuyer. Il y a 8 trains par jour dans cette gare. Ici aussi le personnel est très attentif aux touristes comme nous. Il s’assure que l’on ne rate pas notre train. 3 personnes différentes sont venues nous donner des informations. Celui qui fait la maintenance de la machine à café offre un café à tout le monde. Le train pour Madara est différent : une locomotive et un wagon avec de grandes banquettes. Il n’y a pas toujours de passage à niveau classique ; parfois une barrière, un feu ou seulement un panneau.
Ceci dit le train ne roule pas vite, 30 à 40 km à l’heure.
Le contrôleur nous demande si nous connaissons Madara. Comme nous répondons par la négative, il vient trois fois nous informer sur le trajet. Impossible de rater l’arrêt. Juste avant Madara, nous nous arrêtons pour changer de direction, ce qui nécessite un déplacement de la locomotive. Le wagon reste seul sur la voie pendant 20 minutes avant que la locomotive revienne. Malgré la vétusté du matériel, les trains sont très ponctuels et parfois en avance. A la gare, il y a bien un souterrain pour une fois, mais rempli d’eau et d’ordure.
Madara est un super site : dans un parc, il y a des vestiges de différentes époques. Des cavernes qui ont servies d’habitat au paléolithique, une sculpture d’un chevalier du 8ème siècle, une forteresse médiévale. Nous n’avons croisé en tout qu’une dizaine de touristes, essentiellement des bulgares. On est loin du tourisme de masse.
C’est la sculpture, placée à 23 m de hauteur, qui est classée à l’UNESCO. La forteresse est accessible par un escalier taillé dans la roche de presque 400 marches. J’y monte seule. Igor reste à la hauteur du cavalier. C’est une super balade. Le panorama est magnifique vu d’en haut.
Nous repartons toujours en train pour Varna. Un train là aussi très ancien, et dans un piteux état. Les toilettes à la turque valent le détour ! Vu le roulement très saccadé du train, je ne vois pas comment les utiliser.
Je suis épuisée ce soir, la journée a été bien remplie. Nous sommes arrivés à Varna. J’ai déjà visité cette ville, il y a 34 ans. Ma fille Laura avait 6 mois. Demain, la mer noire !









Samedi 6 mai : Varna
Ici c’est la fête de Youri, autrement dit St Georges. Tous les musées sont fermés et il y a un petit défilé militaire. Nous avons passé la journée à nous promener dans le centre, sur la plage et l’immense parc maritime. J’ai bien sûr marché dans l’eau. Il y a peu de baigneurs, l’eau est froide.
Je suis rentrée dans la cathédrale orthodoxe. A chaque icône, les personnes font la queue pour embrasser les icônes ou les toucher et prier. Un prêtre bénit chaque personne à l’entrée. Le foulard n’est pas obligatoire comme dans certains pays orthodoxes.
C’est une ville agréable avec des parcs, beaucoup de rues piétonnes, des terrasses et des magasins. Là aussi, peu de touristes étrangers. L’architecture est très variée, des maisons grises qui rappellent la ville du temps des communistes, des villas rococo avec des couleurs pas toujours heureuses, des bâtiments contemporains.
Je n’y retrouve pas la même ambiance qu’en 89, le régime a changé ! Je me rappelle avoir cherché en vain des petits pots de bébé dans Varna. Nous cherchions des mères avec des enfants avec un papier où il y avait écrit « petits pots » en bulgare. L’anglais n’était pas du tout utilisé et nous ne parlions pas russe.
Dans cette ville c’est l’anglais qui prédomine actuellement. Personne ne parle le français. Ce qui semble logique car pendant notre séjour en Bulgarie, nous n’avons pratiquement pas croisé de français. Est ce que la guerre en Ukraine à découragé les étrangers et surtout les français venir ? C’est étonnant cette quasi absence de touristes.










Dimanche 7 mai : retour à Sofia
Le voyage est terminé. Aujourd’hui, nous avons à nouveau pris le train pour rentrer à Sofia. Il y a 500 km et nous avons mis 8 h. Pour donner un ordre de prix, ce trajet coûte 13 euros par personne. Je me suis régalée à voyager en train lors de ce voyage. Ce soir, nous avons terminé par un excellent repas et une balade dans Sofia. Nous reviendrons dans ce pays pour visiter une autre région. Demain matin, nous reprenons l’avion pour Barcelone.





