Bulgarie – mai 2022

Dimanche 1er mai : arrivée à Sofia

Aujourd’hui, nous sommes partis à 4 h du matin de chez moi pour arriver à Sofia à 14 h. L’aéroport est petit, surtout si on le compare à celui de Francfort. Quand on sort, ce qui est marquant, c’est de voir une montagne enneigée. Sofia est à 550 m d’altitude au pied d’un mont de 2200 m. On sent d’ailleurs un petit air frais.

Je ne suis pas surprise par Sofia, même si l’ambiance de la ville a beaucoup changé depuis 1989. Je m’en rappelais comme d’une ville soviétique sans charme particulier et triste. L’architecture est la même, les bâtiments sont en majorité soit soviétiques soit d’inspiration autrichienne.

Heureusement, quelques églises anciennes ont survécu. J’avais rencontré des bulgares en 89 qui expliquaient que les communistes leur avaient interdit de faire des travaux dans leur maison familiale ; ils avaient été logés en immeuble une fois la maison inhabitable. Ce qui explique qu’il y a très peu de constructions anciennes.

Par contre c’est devenu une ville très animée et elle est très arborée. Il y a beaucoup de petits jardins. Les arbres cachent les façades. La balade de cet après-midi a été très agréable.

Lundi 2 mai : visite de Sofia

Ce matin nous sommes allés voir des fresques médiévales byzantines dans une petite église. L’intérieur est couvert de fresques. Nous avons ensuite continué la visite de Sofia.

J’ai photographié l’enseigne d’un MacDo en cyrillique. Cela m’a étonné. En Russie, c’est toujours écrit avec l’alphabet latin. Une autre curiosité : les bulgares ont remplacé la statue de Lenine par une gigantesque statue de St Sophie.

Le musée archéologique est installé dans une ancienne mosquée. Il y a des portraits de famille antiques en marbre. Je n’en avais jamais vu : on voit habituellement des scènes mythologiques ou des portraits individuels de personnages célèbres.

Igor parle un mélange de bulgare et de russe. Le bulgare est proche du russe. Mais quand les bulgares connaissent l’anglais, ils préfèrent nous répondre dans cette langue comme dans beaucoup de pays de l’Est. Cela dépend de leur niveau d’anglais : on ne sait jamais à l’avance.

Mardi 3 mai : Plovdiv

C’est une ville superbe. Ici on sent plus l’influence turque et moins celle des soviétiques, en tout cas dans la vieille ville. On a même entendu l’appel à la prière. Dans le centre historique il y a des rues pavées, des maisons du 19ème siècle, des tours, des murailles, des sites romains, tout cela entouré par des immeubles d’inspiration soviétique ; des barres d’immeubles alignées et entre, des espaces verts et arborés. Toutes les rues sont longées d’arbres. On retrouve ce type d’architecture en Russie, en Estonie et dans toutes les anciennes républiques soviétiques.

Pour arriver à Plovdiv nous avons pris un bus. Comme souvent, trouver le bon bus n’est pas évident car il y a plusieurs gares routières au même endroit et une multitude de compagnies de bus différentes. Il faut donc trouver la bonne gare routière, puis le bon guichet et enfin le bon quai.

Notre car a été retardé par une jeune russe qui n’avait pas compris que la réservation internet ne tenait pas lieu de ticket. Elle ne comprenait pas bien le bulgare et le chauffeur très énervé ne faisait pas beaucoup d’efforts. Ce sont des passagers parlant russe qui l’ont aidée. Notre chauffeur était tellement énervé qu’il a percuté une voiture : sans gravité, mais il a hurlé un bon moment. Il n’a accepté à faire un constat qu’après un long moment.

L’état du bus m’a rappelé certains bus indiens. Les ceintures de sécurité étaient cassées ; mon siège était incliné. Impossible de le mettre droit, alors que je gênais la personne derrière moi. En Bulgarie le masque n’est plus porté dans les transports en commun malgré les affichages.

On a été étonné par le prix de l’essence, presque l’équivalent du prix français alors que le salaire moyen est de 500 euros. Le prix des repas, des hôtels par contre est à peu près un tiers des prix français. On a payé 6 euros pour faire un trajet de 200 km.

Ce soir, nous avons vu des manifestants avec des drapeaux bulgares. On a cherché la raison sur internet. C’était une manifestation pour la paix, pour défendre la neutralité de la Bulgarie dans la guerre en Ukraine. Dans ce pays, il y a deux camps qui s’affrontent : les pro-russes comme le Président et ceux qui veulent défendre l’Ukraine et qui sont pro-européens. L’Assemblée Nationale a voté pour envoyer des armes en Ukraine mais certains bulgares s’y opposent.

Aujourd’hui, nous nous sommes baladés dans la vieille ville, les collines, les parcs. Demain nous visiterons les musées.

Mercredi 4 mai : Plovdiv (suite)

Aujourd’hui, nous avons continué à visiter Plovdiv. Les vestiges romains ou byzantins sont très nombreux dans la ville ; ils sont disséminés un peu partout. Il y a les restes d’une basilique contenant 2000 m2 de mosaïques. C’est impressionnant. Il y a une voie romaine qui est en accès libre. Ces vestiges ont été mis à jour il y a 30 ans et ils sont bien intégrés dans l’espace contemporain.

Certains petits objets rituels retrouvés sont étonnants par leurs couleurs vives. Nous avons visité une maison du 18ème où il y avait de belles fresques. La ville haute est peu fréquentée, il y a quelques touristes. Hier quelques petits groupes de français et aujourd’hui aucun. Ils ont du repartir. La ville basse est moins touristique mais par contre très animée.

Aujourd’hui, la communication a été difficile, à part dans les musées. Personne ne parlait anglais ou russe. Ce midi, nous avons bien ri, nous avons du choisir des plats au hasard. J’ai goûté la soupe froide au concombre et au yaourt, bof ! Les plats choisis en pointant le doigt sur la carte étaient du foie et une farce faite de viande, pain et œuf. Comme je n’aime pas le foie j’ai mangé la farce. Assez bonne à mon goût.

Nous avons essayé de visiter un musée historique mais c’était trop tard. Par contre nous avons été accueillis par une jeune femme qui nous a fait tout un discours en anglais très compréhensible, ce qui est rare. Souvent on a des difficultés à comprendre l’anglais des bulgares. L’anglais français est très différent de l’anglais bulgare ! On ne se comprend pas toujours.

Quand elle a compris qu’Igor parlait russe, elle lui a fait tout un discours en russe, disant que les bulgares et les russes étaient des peuples frères et qu’Igor devait s’entraîner à mieux parler ; que c’était dommage que les français n’apprennent pas le russe. On a deviné facilement de quel côté elle était dans le conflit entre pro-russes et pro-européens.

Comme en Asie, ce sont les femmes qui balaient les rues. Ici, elles semblent toutes d’origine rom.

Demain nous prenons le train pour aller à Veliko Tarnovo.

Jeudi 5 mai : Plovdiv – Veliko Tarnovo

Balade à nouveau dans Plovdiv. J’ai fait une photo illustrant le fait que dans cette ville on trouve les bâtiments les uns au dessus des autres. Ici, on voit une construction médiévale en dessous d’une habitation plus moderne. Dans un autre endroit une route passe en dessous d’un théâtre antique. Je ne connais pas l’équivalent ailleurs.

Il est impossible d’acheter des timbres car ils ne s’achètent qu’à la poste. Et la poste a subi une cyberattaque : des russes ? En rétorsion au fait que l’Assemblée Nationale a refusé de payer le gaz en roubles ? Ce n’est qu’une hypothèse …

Prendre le train, comme le car, n’est pas très facile. Il y a 10 guichetiers mais leur anglais est inexistant ou sommaire. La première, à la vue de nos billets de réservation nous dit : « One. Go ! Go ! » Tout est écrit en bulgare ce qui n’aide pas les touristes.

On comprend que comme dans les gares routières, il faut aller au guichet 1 pour transformer les billets de réservation en tickets. Mais il est fermé. L’employée derrière remplit à la main tout un tas de formulaires. Rien n’est informatisé. On attend, elle baille, range ses stylos bien parallèles lentement, puis nous tourne le dos. Comme nous attendons, elle finit par nous faire signe non. 5 minutes plus tard, elle ouvre. On se croirait revenu au temps du communisme.

A deux autres guichets, on nous fait comprendre que ce n’est pas le bon. Nous finissons par comprendre que nous n’avons pas à transformer le billet de réservation en ticket. Notre train est voie 1. Il y a 3 voies 1 ! Heureusement le numéro du train est marqué.

La voie est à sens unique, le train passe au ralenti dans les gares car les gens traversent les voies. Il n’y a pas de souterrain et il n’y a pas toujours de passage à niveau, donc le train ralentit. Dans ce petit train, il y a deux contrôleurs qui compostent les tickets à la main. Un des contrôleurs très sympathique nous inscrit dans un grand registre.

Dans les villages traversés, les rues sont en terre sauf la route principale et il y a beaucoup de maisons abandonnées et de sites industriels en ruine. Autrefois c’était une région où il avait beaucoup d’usines textiles.

Tout le long du trajet, on longe des montagnes enneigées et parfois on est à flanc de colline. Le dénivelé est impressionnant. C’est une alternance de forêts, de grands champs de tournesols, de vergers de noyers, des champs de thym et de rosiers mais sans fleur actuellement. Ce trajet est extraordinaire : un des plus beaux que j’ai fait en train.

On est passé dans une ville appelée Kazanlak. On a cherché sur internet : c’est une ville réputée pour ses roses avec une vision idyllique de cette récolte. En réalité c’est une ville avec beaucoup d’immeubles dégradés, entourée par des bidonvilles avec plein d’ordures tout autour. Une communauté rom vit là, dans un immense bidonville, le long de la voie ferrée, elle sert de main d’œuvre bon marché à la culture des pétales de rose.

En pleine montagne nous avons fait un arrêt de 15 minutes dans une petite gare pour croiser un train en sens inverse. On a pu sortir et prendre des photos. Le train klaxonne régulièrement quand il croise des petites routes ou des chemins.

5 h de train pour 200 km, mais il y avait tellement à voir que je n’ai pas vu le temps passer. Nous étions en retard et comme l’hôtel fermait à 22 h le trajet à pied pour arriver a été rude : 30 minutes en montant et en marchant vite pour ne pas dormir dehors. Mais voir la ville de nuit nous a vraiment donné envie de la découvrir.

Vendredi 6 mai : Veliko Tarnovo

C’est une belle ville de montagne installée le long des méandres d’une rivière avec une forteresse et quelques rues avec des magasins de souvenirs. Je l’avais déjà visitée en 1989 : c’est une ancienne capitale.

Ici les touristes sont bulgares, il n’y a aucun français. Je suis étonnée car partout ou presque dans tous les pays, j’ai rencontré des français. Les touristes en Bulgarie sont essentiellement des russes et des ukrainiens, absents bien sûr actuellement. Mais la ville est animée car c’est un long week-end.

Aujourd’hui c’est un jour férié ; c’est la fête des armées et lundi les bulgares fêtent la fin de la deuxième guerre mondiale. Pour eux c’est le 9 mai comme en Russie car nous ne sommes pas sur le même fuseau horaire qu’eux.

Nous visitons la forteresse et la ville et nous passons la fin de l’après-midi dans notre guest house où il y a une petite terrasse très agréable. Ce midi nous avons du manger dans le pire des restaurants de la ville !

Je me sens un peu fatiguée, ce temps de repos est bienvenu, lundi je reprends l’école ! Demain nous reprenons le car.

Samedi 7 mai : retour à Sofia

Nous avons décidé de changer de moyen de transport. Partir en train nous semble plus intéressant (le car ne fait aucun arrêt et passe loin des villes). La petite gare de Veliko est charmante car c’est une ville touristique. Dans les gares certains panneaux anciens comme celui du chef de gare sont écrits en français.

Par contre nous découvrons une autre réalité lors du changement de train à 30 km de Veliko. On sort de la gare pour voir un peu les alentours, et à nouveau on découvre la pauvreté de la Bulgarie. J’ai fait quelques photos pour montrer le contraste.

La population rom, nombreuse, qui est sédentarisée, n’est pas du tout intégrée et vit dans des conditions très difficiles dans des immeubles en ruine, où l’eau parfois ne dépasse pas le troisième étage, ou dans des bidonvilles.

Les bulgares recyclent mal leurs déchets et les roms fouillent les poubelles pour gagner un peu d’argent. Ils se disent turcs car être rom est très mal vu. Ils sont musulmans ; j’ignorais que certains l’étaient. Ni la communauté turque en Bulgarie ni les bulgares ne les reconnaissent. On sent bien la discrimination ici comme en France, mais c’est plus flagrant vu leur nombre.

La suite du trajet est intéressante, de beaux paysages de montagnes, des petits villages jusqu’aux portes de Sofia. Un nombre impressionnant de friches industrielles dans la montagne.

Certaines villes bulgares sont très polluées car les industries qui ont résisté à la chute du mur ne respectent pas les normes. Les habitants essaient de lutter contre cela mais il y a beaucoup de corruption. Jusqu’à très récemment des ordures venues d’Italie étaient brûlées dans le pays et si les personnes protestaient on leur parlait du prix du chauffage. Cela risque de s’aggraver avec la crise de l’énergie due à la guerre en Ukraine.

En fin de journée nous avons à nouveau fait une balade dans Sofia et nous étions contents de retrouver un restaurant découvert par hasard lundi.

Deux coups de stress en soirée. Igor a voulu photographier un tramway vert appelé concombre vert. Ce sont des tramways vendus à bas prix par la ville de Bâle. Même si les suisses s’en sont débarrassés pour des raisons de confort et d’écologie, ils remplacent ici des tramways encore plus polluants. Suite à cette photo, un homme nous a apostrophé violemment car il pensait qu’Igor l’avait pris en photo. Il ne s’est calmé que quand Igor lui a montré la photo prise.

A l’hôtel, le wifi ne fonctionnait pas et le téléphone d’Igor n’avait plus de connexion mobile depuis hier. On ne sait pas pourquoi. Du coup il a été difficile d’enregistrer les vols. Sachant qu’en raison du surbooking nous devions le faire à l’avance, on a fini par y arriver en utilisant mon téléphone et le wifi du café à côté de l’hôtel.

Demain nous rentrons en France.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *