
Mercredi 25 octobre : Skopje
Le voyage commence par la visite de la capitale : Skopje. Il ne fait pas très beau, à la mi-journée, il a plu. Cette ville est surprenante. Notamment par ses deux quartiers complètement différents : la cité historique et le quartier moderne.
L’architecture de la vieille cité est marquée par 5 siècles d’occupation ottomane. Il y a des mosquées, des minarets, un caravansérail, des hammams et une forteresse …
Le quartier moderne a été construit après le tremblement de Terre dans les années 60. Ce quartier est controversé car dans les années 2000, le gouvernement a décidé d’y ériger d’immenses statues et des bâtiments rappelant l’architecture antique.
La Macédoine du Nord n’est indépendante que depuis les années 90. Même son nom a été contesté : elle ne s’appelle Macédoine du Nord que depuis 2019, les grecs lui refusant le nom de Macédoine, ce qui explique que le gouvernement a cherché des symboles pour créer une unité nationale. Mais ce sont des symboles chrétiens et antiques qui ne sont pas reconnus par les différentes communautés. Les albanais, les grecs, les bulgares n’ont pas été toujours d’accord sur les frontières de ce petit état. Chacun en réclame une partie.
Il y a deux communautés importantes, une slave et une albanaise. Deux religions : la religion orthodoxe et l’islam. Il existe des tensions entre ces deux communautés. Dans le quartier où il y a ces gigantesques statues, un immense clocher est en construction. On a l’impression que c’est pour rivaliser avec les nombreux minarets. Sur une des collines, une immense croix a été érigée. Il y a aussi un musée en souvenir de mère Theresa. Elle était albanaise mais elle est née à Skopje. L’ancien premier ministre responsable de ces constructions mégalomanes est actuellement sur la sellette. Il est accusé de corruption.
Les macédoniens sont très sympathiques. On se sent bien accueilli. Nous communiquons en anglais. Leur langue est slave, proche du bulgare. L’alphabet est cyrillique. Mais nous n’entendons pas parler russe comme parfois en Bulgarie.
Notre guide est ancien, c’est le Petit Futé, il n’a pas été réactualisé depuis 2018. Nous n’avons pas trouvé d’autre guide papier car ce pays n’est pas assez touristique. Les informations sont parfois dépassées. On cherche en vain un musée d’art moderne. Il y a un musée d’art contemporain mais pas de trace d’une collection d’art moderne. L’employé nous parle d’une galerie d’art. Elle est dans un ancien hammam qui est magnifique. J’aime beaucoup l’ exposition de Simon Shemov à base de papier découpé.















Jeudi 26 octobre : Tetovo
Nous prenons le bus pour Tetovo à la gare routière. Aucune difficulté pour trouver le guichet et le car. Ici, les bus sont aussi récupérés dans d’autres pays. Celui là vient du Luxembourg. Les avertissements en français n’ont pas été enlevés. Le logo qui incite les voyageurs à mettre les ceintures aussi. Mais il n’y a plus de ceinture.
Pour aller à Tetovo, il y a une autoroute payante mais différente des nôtres, le revêtement est très moyen et il y a quelques vendeurs de fruits et légumes sur le bas côté.
Le chauffeur nous dépose dans l’artère principale, qui est remplie de marchands. Un vrai bazar à ciel ouvert. C’est une ville de montagne qui est très différente de Skopje.
Ici, il n’y a pas d’alphabet cyrillique, les albanais sont très majoritaires. La langue parlée et enseignée est essentiellement l’albanais et non le macédonien. Dans chaque village, voire hameau, sur la route, il y a des petites mosquées avec des minarets. C’est impressionnant le nombre de minarets que l’on a pu voir. On est venu à Tetovo pour visiter une magnifique mosquée et un ensemble de monastères soufis.
Depuis ce matin, j’ai un problème de chaussures, mes vieilles converses ont rendu l’âme. Elles n’ont pas supporté la pluie d’hier. Et j’ai des ampoules, ce qui rend la marche difficile, ajouté à mon problème de genou, cela fait beaucoup !
J’ai cherché dans le bazar de nouvelles chaussures mais je n’en ai pas trouvées. Heureusement, dans une boutique, j’ai fini par acheter des chaussures très souples. Ouf ! Les prix ici sont dérisoires pour nous.
Juste avant de visiter la mosquée, j’ai réalisé que j’avais oublié mon foulard. J’en ai acheté un pour moins de 2 euros. Le repas de midi nous a coûté 5 euros chacun. Pour le moment, les restaurants que l’on a trouvés proposent tous la même chose : salade, viande grillée et frites. A midi, avec la viande, nous avons eu de la salade de choux et du pain frit. Pas très léger, mais très bon. Les restaurants font le pain sur place. Comme souvent en Grèce, on nous offre le dessert. Dans cette ville, comme à Skopje, nous sommes très bien accueillis.
Dans le monastère soufi, « le Téké », un homme nous a abordé en disant « pourquoi parler anglais quand on peut parler français ! »
C’est un macédonien, albanais soufi, qui parle très bien français. En Macédoine, il y a une branche du soufisme qui est le Becktachisme ; les adeptes sont essentiellement des albanais ; cette religion n’est pas reconnue par le gouvernement.
Il nous a expliqué que du temps de la Yougoslavie, les personnes qui avaient fait des études parlaient soit français, soit russe. Il était avec un jeune qui ne parlait qu’anglais. Ce jeune nous a proposé de boire du café – un café turc délicieux – et nous a offert des mandarines. Le macédonien nous a expliqué que le Becktachisme était une religion musulmane très libre et modérée. D’ailleurs, ses adeptes boivent du raki ! leur chef appelé « Baba » est venu à Paris lors de l’attentat de Charlie Hebdo par solidarité envers les français.
Sur ce même site sont venus s’installer des musulmans intégristes en utilisant la force, et il y a des tensions entre les deux communautés. Nous avons passé un moment très chaleureux à discuter. C’était super.
Avant de visiter » le Téké », nous avons vu la « mosquée colorée ». Elle est très belle, par ses peintures autant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Des motifs originaux, des fleurs, des paysages, ce qui est rare dans les mosquées. Je n’ai pas pu prendre de photos à l’intérieur. Les peintures ressemblent aux motifs de la basilique sur la place rouge à Moscou.
Je suis ravie de cette journée.













Vendredi 27 octobre : Orhid
Hier, nous avons cherché un restaurant différent : qui soit d’inspiration ni turque ni albanaise. On a trouvé ! Le jeune serveur a eu un moment d’inquiétude quand il nous a vu entrer. Il n’était pas très sûr de son anglais. La carte était uniquement en macédonien. On a ri pour choisir nos plats. Il a essayé de nous aider mais son anglais était trop sommaire.
Nous avons utilisé la fonction texte et scan de Google traduction qui est bien pratique car nous n’avons pas de clavier en écriture cyrillique. Les traductions étaient très fantaisistes. Cela a été moment sympathique avec le serveur car il a rapidement compris que cela nous faisait rire. Cela l’a détendu. J’ai mangé des courgettes panées et du tarator, des concombres au yaourt, et du pain au paprika.
Ce matin, nous avons pris le bus pour Orhid à la gare routière sans aucune difficulté. Les transports routiers sont bien organisés et peu onéreux. La route est montagneuse et sans intérêt notable.
A Orhid, l’ambiance est complètement différente. Le lac et la ville sont classés à l’Unesco. C’est donc un endroit très touristique. Mais comme souvent, il suffit de s’éloigner de la rue piétonne et de ses marchands pour ne rencontrer que peu de touristes.
La ville s’étage sur des collines. Il y a une multitude d’escaliers qui permettent de déambuler au hasard, et de tomber sur des églises byzantines à chaque coin de rues. La ville est essentiellement chrétienne malgré la proximité de l’Albanie. C’est ici que réside le Patriarche de la Macédoine.
Une belle balade avec la visite de deux églises avec des fresques, et d’un musée dans une maison ancienne.
Demain, nous restons sur Orhid pour continuer la visite.









Samedi 28 octobre : Orhid (suite)
Ce matin, nous sommes montés voir la forteresse, une autre église et un musée d’icônes des 13ème et 14ème siècles. Il y a plusieurs chemins possibles, c’est un vrai dédale avec des impasses, des montées, des descentes. C’est le charme d’Orhid ! Il n’y a aucun chemin droit. Et on n’est jamais sûr de ne pas devoir faire demi-tour.
Ensuite, on a attendu en vain un bus pour aller voir un monastère réputé au bord du lac. Des taxis sont venus à maintes reprises nous dire qu’il n’y avait pas de bus le week-end : mais on a préféré voir par nous même … Effectivement, il n’y avait pas de bus. En tout cas pas à l’horaire indiqué sur internet.
A la place, nous nous sommes baladés au bord du lac. La partie de la promenade qui conduit à une petite chapelle est splendide. Un vrai bonheur de marcher le long de ce lac.
Les touristes viennent des pays aux alentours : Grèce, Bosnie, Serbie, Albanie… Il y a très peu de français qui visitent ce pays.





Dimanche 29 octobre : Bitola
Ce matin, longue attente à la gare routière. Encore des horaires erronés ! J’en profite pour lire la partie historique du guide.
L’histoire de la Macédoine est vraiment complexe, comme celle de tous les pays des Balkans. Pour avoir une reconnaissance internationale, le pays a du changer de nom, modifier son drapeau, reconnaître les influences bulgares notamment sur la langue et accepter dans certaines parties du pays que l’albanais soit une langue officielle en plus du slave macédonien !
Nous prenons à midi le bus pour Bitola. La deuxième ville du pays. La route est plus intéressante qu’à l’aller car nous traversons des villages, ce n’est pas une autoroute. Nous voyons sur ce trajet beaucoup de pommiers ; le chauffeur s’arrête pour acheter des pommes.
La ville de Bitola est une belle surprise. Il y a un quartier très animé avec des maisons typiques de l’Europe Centrale, des mosquées et des églises orthodoxes.
C’est dimanche, les magasins sont fermés mais il a foule dans les rues, les cafés, les restaurants. Et surtout un vieux bazar, un des plus vieux des Balkans. Il est composé de 30 rues ! Aujourd’hui, il est désert. Mais cela nous a permis de voir les façades, on est transporté en Orient.
Cette visite nous a beaucoup plu. Tout le long de cette déambulation dans les ruelles piétonnes nous sommes escortés par un chien, puis deux, puis quatre… Ce sont des chiens errants, pacifiques, qui sont bagués.
Demain, nous espérons voir le bazar ouvert.
Nous sommes à l’est, et il n’y a pas de décalage horaire avec la France, ce qui fait qu’avec le changement d’heures il fait nuit noire à 5 h.
Ici, il n’y a pas de touristes. L’hôtel semble vide. On nous a proposé de choisir notre chambre. Premier ou second étage ? J’ai choisi le premier.
Demain nous retournons à Skopje en train. A l’arrivée cet après-midi, nous sommes allés vérifier les horaires.










Lundi 30 octobre : retour à Skopje
Hier, nous avons acheté nos billets de train et aujourd’hui, on a demandé à être remboursés car il n’y a pas de train. Tous les trains du jour sont annulés. On n’a pas su pourquoi. Nous savons seulement que le réseau ferroviaire n’est pas en très bon état.
Cette ligne semblait être très intéressante car elle passait par des villages qui ne sont reliés que par des pistes parfois impraticables en hiver.
Ce matin, nous avons fait un tour dans le bazar qui est moins animé que nous le pensions. J’ai acheté du paprika. Il y a beaucoup de poivrons en Macédoine, et j’ai réalisé que le paprika était de la poudre de poivrons séchés. On a vu un ancien hammam transformé en supermarché.
Nous visitons aussi l’église la plus ancienne de Bitola qui a une iconostase en bois très ouvragée.
Avant de repartir, nous sommes allés voir un site antique où d’après le guide, il y avait de belles mosaïques mais nous ne les avons pas trouvées !
Sur le chemin, un ouvrier nous a abordé en faisant tout un discours en macédonien. Je n’ai rien compris. Igor a compris vaguement qu’il parlait de partisans serbes. Effectivement, il nous a montré des tombes dans le cimetière. Il a tenu à nous accompagner jusqu’à l’entrée du site archéologique.
Ce qui m’a surprise, c’est qu’il a serré la main d’Igor et qu’il m’a fait une accolade en me serrant très fort et bien trop longtemps à mon goût. Je n’en ai pas compris la signification mais on le sentait content de rencontrer des touristes et de les renseigner même s’il ne parlait que macédonien !
Nous avons attendu le bus en pique-niquant dans un parc bordé par des bustes d’homme tous morts en 42 ou 43. Des partisans serbes qui ont lutté contre les nazis ? Sûrement.
La route est très montagneuse, on monte presque à 1000 m d’altitude : les montagnes sont arides. Les villages sont au pied de ces montagnes. Il y a beaucoup de peupliers. Cela laisse supposer qu’il y a de l’eau malgré l’aridité de la nature autour. Il y a quelques champs mais ils sont petits et peu nombreux.
Puis nous entamons une grande descente et nous retrouvons des montagnes avec des forêts. Avant la plaine, nous rencontrons quelques vignes.
Du temps de la Yougoslavie, les macédoniens cultivaient beaucoup de tabac et de vignes. Comme en union soviétique, le pouvoir communiste yougoslave imposait une culture ou deux par région. Actuellement, les macédoniens ont des difficultés pour vendre leur tabac qui est trop fort et aussi leur vin, car il y a une forte concurrence, notamment avec la Croatie.
18 h 10, nous arrivons à Skopje. Demain, nous devrons partir à 5 h de l’hôtel pour rentrer en France. La réceptionniste nous a fait rire car au lieu de photocopier la page du passeport où il y a mes coordonnées, elle a fait la copie d’un de mes visas russe. Nous refaisons un tour de la ville. De nuit, les bâtiments d’inspiration antique sont encore plus impressionnants.
Ce pays est vraiment une belle découverte. Cela nous donne envie d’explorer les Balkans à nouveau.









