
Jeudi 10 août : arrivée à Bucarest
Ce matin, nous sommes partis de l’hôtel à Marseille à 3 h. La journée a été longue. Première frayeur de la journée, Igor a oublié son sac à dos près des toilettes à Bucarest. Il s’en est aperçu après le contrôle des passeports. On a du demander à un policier de faire demi tour, le douanier ne voulait pas. Igor a pu récupérer son sac in extremis, il y avait déjà deux militaires armés qui étaient très contents de le voir arriver.
Le trajet pour aller en ville depuis l’aéroport est facile et peu onéreux. Il suffit de prendre le train. Nous avons choisi un hôtel près de la gare car demain soir nous prenons le train pour la Moldavie. La réceptionniste parle très bien le français.
A midi, nous trouvons le restaurant cher. A Bucarest, en plus du prix du repas, on doit payer un supplément parmi trois proposés, selon qu’on ait apprécié le repas ou pas : le pourboire est imposé. On a pris du vin roumain. Il est très bon.
Nous essayons de trouver le centre ville. A pied, le trajet est long. Au retour, nous prenons le métro. Nous visitons un premier musée, celui de la galerie nationale d’art. La section art moderne est intéressante mais sans plus.
La ville n’est pas très agréable à visiter, les quelques maisons anciennes ne sont pas mises en valeur, les rues sont larges et bruyantes. Elles sont souvent en piteux état. Il y a un petit centre piéton qui est plus touristique et plus beau avec de belles églises, surtout une appelée Staropoléos. Elle est magnifique.
Le métro est austère. Il est très peu éclairé parce qu’il a été construit du temps de Ceausescu, époque où les ouvriers n’avaient pas droit au luxe. Il devait seulement servir pour les trajets entre l’usine et le domicile. Les couloirs sont très longs. Les sorties sont loin des stations. On a fait attention de choisir la bonne sortie car autrement le trajet peut être encore plus long. A la sortie, nous voyons des tapis roulants désaffectés, entourés de grillage.










Vendredi 11 août : visite de Bucarest et départ pour Chisinau
Pour aller au musée Zambaccian, nous traversons le quartier des ambassades où il y a de belles maisons. Ici, on entend peu le bruit de la circulation et c’est très arboré. L’hôtel ne proposant pas de petit déjeuner, nous mangeons à la gare. Un bretzel au chocolat pour moi ! Nous en profitons pour récupérer nos billets de train pour ce soir. Pour une fois, c’est très simple de trouver le bon guichet, contrairement à certains de nos voyages.
Le musée est une collection d’œuvres d’art moderne dans une maison traditionnelle. Il y a des tableaux essentiellement roumains mais aussi quelques artistes français : Renoir, Cézanne…La visite est très agréable.
Nous avons décidé de visiter la maison du peuple, appelée maintenant palais du gouvernement. Ce bâtiment gigantesque voulu par Ceausescu est symptomatique de sa mégalomanie. Vu le prix, nous abandonnons l’idée. Nous en faisons le tour. Impossible de rentrer dans l’immense parc sans billet. Pour aménager cet espace, Ceaucescu a fait rasé plusieurs quartiers anciens.
A son époque, les églises étaient soit détruites, soit déplacées. Ceaucescu ne voulait voir aucun lieu religieux depuis son palais. Les églises pouvaient être mises sur des plateformes et déplacées sur des rails. On parle d’églises à roulettes ! Pour les trouver, il faut les chercher derrière les barres d’immeubles.
Actuellement, c’est très différent, la religion orthodoxe a retrouvé sa puissance et sa richesse en Roumanie comme dans les autre pays de l’est. Derrière le palais de Ceausescu, l’Église orthodoxe a fait construire une très grande cathédrale nationale. Nous visitons aussi au même endroit une petite église neuve en bois dans un lieu très fleuri. Il est très fréquenté par des jeunes et des moins jeunes.
Nous sommes à la gare, on attend le train de nuit pour Chisinau. Il arrive ! Un train bleu. Pour chaque wagon, un contrôleur et notre compartiment à seulement deux couchettes. Cette nuit, à la frontière moldave, nous changerons de roues, car l’écartement des rails n’est pas le même entre les deux pays. En Moldavie, c’est l’ancien écartement soviétique.














Samedi 12 août : arrivée à Chisinau
A 3h 40, le contrôleur nous réveille : « control ! » Le passage de la frontière dure 3 h. 1 h pour la douane roumaine, 1 h de plus pour la douane moldave et la dernière heure pour le changement de roue.
A chaque contrôle quelqu’un passe pour relever les passeports puis repasse pour nous les rendre. Quelqu’un d’autre passe aussi pour savoir si on a rien à déclarer.
Entre temps nous roulons quelques kilomètres. Je me suis réveillée et rendormie plusieurs fois. Je pensais que nous devions sortir pour le changement de roue. Au contraire : comme nous sommes en zone frontière, il est interdit de sortir ou d’aller aux toilettes pendant 3 h ! Le wagon et les toilettes sont fermés à clé par le contrôleur.
Pour le changement de roues, la procédure est complexe. Les wagons sont désolidarisés et mis sur des rails parallèles. Le train est levé grâce à des vérins. Un ouvrier est venu dans notre compartiment pour enlever de grands écrous. Grâce à des câbles, le bloc de 4 roues est enlevé. Il y a 2 blocs par wagon. Les nouvelles roues sont mises en place, l’ouvrier toujours sans un mot remet les écrous. Le wagon est redescendu et le train est reconstitué. Pour cela, on avance, on recule.
Nous arrivons à Chisinau à 9 h. C’est une belle surprise, la ville est charmante. Alors que nous avions lu beaucoup de critiques négatives sur l’architecture de la ville.
Il y a de grands parcs, beaucoup de maisons à un ou deux étages, des immeubles aussi bien sûr, parfois de style soviétique, mais avec énormément d’arbres. Il y a beaucoup d’espace dans cette ville. Elle paraît beaucoup plus sereine que Bucarest. Moins bruyante.
Notre logeuse nous a très bien accueillis. Un vrai plaisir, ce premier jour de visite. Tout se fait à pied. Et à deux pas du centre ville. Il y a un lac charmant. Difficile d’imaginer que l’on est dans une capitale.























Dimanche 13 août : visite de Chisinau
Ce matin, nous avons visité une église du 17ème siècle qui a été déplacée à l’extérieur de la ville. Les moldaves y viennent pour se marier ou faire baptiser leurs enfants. Aujourd’hui, il y a plusieurs baptêmes. L’église en bois est très belle et l’endroit charmant, très fleuri. Nous prenons le trolley bus pour y accéder. Il y a encore une receveuse pour l’achat des tickets. Elle nous a indiqué le bon arrêt. Le lieu est facile à trouver grâce à un chemin qui longe la route.
Pensant trouver un autre musée, nous partons un peu à l’aventure. Nous faisons le tour d’un lac et cherchons notre chemin. Mais nous devons chaque fois faire demi tour car les chemins se perdent dans la forêt. Nous finissons par comprendre que nos informations sont erronées. Une belle balade qui nous a permis de découvrir le lac. Mais un peu décevante car le musée de plein air recherché ne semble pas exister. Mais j’aime bien partir à l’aventure !
Nous retournons à Chisinau, toujours en trolley bus. Nous découvrons d’autres quartiers. Les immeubles soviétiques sont nombreux mais au milieu d’espaces boisés. En hiver, quand les arbres perdent leurs feuilles, cela doit être effectivement plus triste.
Le fait de s’éloigner de quelques kilomètres nous a fait prendre conscience que c’est une ville non seulement remplie de grands parcs mais aussi entourée de forêts. Cela doit contribuer à cette ambiance paisible.
Dans l’après midi, nous allons au musée d’histoire naturelle et d’ethnographie. C’est un bâtiment qui ressemble à un bâtiment turc, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. J’aime bien l’ambiance de ces vieux musées. Dans certaines pièces, il y de très belles fresques en rapport avec ce qui est exposé.
Nous finissons notre journée par un restaurant ouzbeck.












Lundi 14 août : Orhei
Ce matin, nous prenons un mini bus pour continuer notre périple. Près de la gare routière et le bazar, sur le trottoir, des paysannes se sont installées par terre pour vendre leur production. Je pense que cela ne doit pas être légal, car quand j’ai voulu faire une photo, une femme m’a dit « Niet photo ! » Elles vendent des légumes mais aussi du lait, du fromage frais et des poulets. Vu la chaleur cela nous semble dangereux pour le consommateur ! On est loin des normes UE.
Nous partons à Orhei pour visiter un site touristique. Le site est à 25 km de la ville d’Orhei. Nous prenons le taxi car il n’y a pas de bus. Le chauffeur nous sert de guide spontanément. Ce n’était pas prévu. Nous communiquons en russe. Sur ce site, il y a des ruines tatars et surtout un monastère rupestre et une église. Et un très beau point de vue.
Le chauffeur nous montre les cellules des moines dans la roche. Tout au fond, une petite icône. Les femmes écrivent des intentions de prière et les donnent au pope. En bas, nous visitons un vieux village. Ce site est très réputé en Moldavie, mais il y a très peu de touristes étrangers. Depuis notre arrivée en Moldavie nous entendons parler autant roumain que russe. L’enseignement se fait encore dans les 2 langues. A Chisinau, nous avons croisés quelques rares français. Ici, aucun.
Notre hôtel à Orhei est presque désert. Nous nous baladons dans la ville. Les maisons ont beaucoup de charme. Il y aussi un lac et un parc désuet. C’est vraiment une ambiance paisible.
En fin d’après-midi, dans une épicerie, une vendeuse nous interpelle en français. Elle a vécu 18 ans en France. L’argent gagné lui a permis, il y a 20 ans, de mettre l’eau courante et l’électricité dans la maison de sa mère qui est devenue la sienne. Elle était ravie de parler avec nous. Elle nous a invités à manger pour demain soir ! Elle doit nous appeler demain. 40 pour cent des Moldaves travaillent à l’étranger.
Nous trouvons un restaurant proche de l’hôtel. La soupe est très bonne, le reste est immangeable ! Des clients nous interpellent en russe. Ils sont étonnés d’entendre Igor parler russe et français. Un français ne parle pas russe ! Ils veulent savoir si nous aimons leur pays. Ils sont ravis de notre avis positif.
























Mardi 15 août : aller-retour à Tipova
Ce matin, nous avons repris le même taxi qu’hier pour aller voir un autre monastère rupestre à 50 km d’Orhei : Tipova. Contrairement à ce que nous avons lu, les routes sont en très bon état. Pour accéder au monastère, nous descendons grâce à de longs escaliers taillés dans la roche. Le chauffeur nous accompagne.
Ici, il y a un droit d’entrée mais il est modique : 50 centimes ! Nous avons croisé 5 touristes moldaves. Ce monastère a été aussi un site militaire car il surplombe le Dniestr qui marque la frontière avec la Transnistrie.
Cette région, qui n’a jamais été roumaine, a fait sécession. L’histoire de la Moldavie est complexe, car certaines régions comme la Transnitrie et la Gagaouzie ont des histoires différentes, sauf du temps de l’Union soviétique.
Ces deux régions ne se reconnaissent pas dans la Moldavie « roumaine » (les gagaouzes parlent d’ailleurs un dialecte turc). Les frontières semblent incompréhensibles, elles sont la conséquence des conflits entre les empires du 19ème siècle, entre les états du 20ème siècle, et le résultat de la création de l’Union Soviétique.
Au début du 20ème siècle, trois quarts des habitants d’Orhei étaient juifs, mais ils ont été décimés par la Roumanie fasciste et les nazis. Ceux qui ont survécu sont partis en 1991 quand l’Union Soviétique a disparu.
Il y a une vraie volonté de la Moldavie d’intégrer l’UE. Les moldaves ont même un ministère pour cela. Mais le pourcentage de pro européens et de pro russes est très différent selon les régions. Dans la constitution, le roumain et le russe sont les langues officielles.
La moldave qui nous a invités nous a expliqué que beaucoup de moldaves ont des origines soviétiques. Pro européenne, elle ne comprend pas qu’habitant en Moldavie, les gens continuent à parler russe.
Son mari, ancien policier, semble avoir une autre vision. Il parait plutôt pro russe et pro communiste.
Nos hôtes ont eu très peur des russes, au début de la guerre en Ukraine. De chez eux, ils ont entendu les bombardements en Transnistrie.
Dans cette région de Moldavie, il y a beaucoup de réfugiés ukrainiens. Les moldaves sont très mitigés. Ils reprochent aux ukrainiens d’avoir soutenu les russes, lors de la guerre russo–moldave de 1992.
On a été très bien reçus. Nos hôtes habitent dans un village. Ils ont un grand potager, un verger et un étang, des animaux : poules, dindes, et des oies… ils essaient d’acheter le moins possible de nourriture. Lui est à la retraite, elle a un salaire de 450 euros. Ils sont très contents d’être revenus en Moldavie, dans leur village. Ils ont un grand regret, c’est que leurs enfants soient restés en France.
Nous avons commencé à manger à 17 h. Des placinthas, une spécialité moldave : des pains farcis. Notre hôtesse nous en a servi un aux pommes de terre, un au fromage, un au choux, puis une salade avec du fromage.
Pour nous le repas était terminé (il y avait aussi une assiette de charcuterie que nous n’avons pas touchée).
Notre hôtesse pose alors sur la table une cocotte où il y a une oie avec des carottes ! Elle nous sert aussi une salade de choux. Nous buvons un vin blanc fait sur place. Tout est délicieux ! Après le tour de leur propriété, notre hôtesse nous propose du raisin, des mûres, une pastèque et de l’eau de vie maison. Ils ont un alambic. Elle m’a fait rire quand elle m’a dit que pour être en bonne santé, il fallait boire de l’eau de vie tous les jours.
Un jeune voisin nous a ramené à un arrêt de bus. Nous étions à 1 h à pied de l’hôtel mais nous avons décidé de marcher pour digérer.
Cet accueil a été extraordinaire. Nous étions ravis ; nos hôtes aussi.




















Mercredi 16 août : départ pour Soroca
Pour aller à la gare routière, nous traversons un bazar. Il semble y avoir peu de vendeurs illégaux. La viande est dans des vitrines réfrigérées et il y a une pièce spéciale pour le fromage.
Comme en Ukraine, il y a des étals de poissons vivants. De gros poissons d’eau douce qui sont conservés dans des bassines. Nous n’avons pas l’habitude de voir des poissons bouger sur le marché.
Le bazar est très grand. On y vend aussi des vêtements. On est très proche d’un bazar oriental. Avant ce bazar, nous passons devant 2 stèles. Une en mémoire des déportations dans les camps soviétiques et une pour les victimes de Tchernobyl, rappelant que les soviétiques ont envoyé des hommes de toutes les républiques pour colmater les fuites. Ils connaissaient les risques pour ces personnes qui sont mortes quelques années après mais cela a permis de réduire en partie les répercussions de cette catastrophe nucléaire.
Prendre le bus pour Soroca est plus difficile qu’à Chisinau. Quand on arrive, un bus part. Il est plein. Le deuxième, une demi-heure après aussi. Le chauffeur nous fait comprendre qu’il peut nous prendre. Mais, l’employée de la gare nous dit d’aller prendre un ticket. Le chauffeur étudie longuement les tickets et ne veut plus nous prendre. A notre place, il autorise d’autres passagers sans bagage et sans ticket à monter. Ces personnes payent directement au chauffeur.
Le troisième bus est presque plein aussi, et il y a beaucoup de personnes qui veulent monter. Là aussi, l’employée s’en mêle et le chauffeur accepte de prendre en priorité ceux qui ont des billets. Au moment de monter, il nous dit qu’il n’y a qu’une place. Une passagère parlant français nous explique qu’il n’y a qu’une place assise. On insiste, et on finit par rentrer dans le bus, Igor fera une grande partie du trajet debout. D’autres passagers sans ticket monte après nous. Le mini bus est plein comme un œuf. Ici, les jeunes ne laissent pas leur place aux plus âgés.
A l’arrivée, j’ai des difficultés à sortir du bus, tellement il est pris d’assaut pour le retour. J’espère que nous trouverons des places vendredi.
Soroca est une ville frontière avec l’Ukraine, mais la frontière est fermée. Le passage se faisait grâce à un bac qui traversait le fleuve. Cette ville est célèbre pour sa forteresse et sa colline tsigane. La forteresse est fermée aussi.
Aujourd’hui, nous nous sommes baladés dans cette ville. On se sent au bout du monde. Toutes les rues ne sont pas goudronnées et on ne passe pas inaperçus comme touristes !
A notre arrivée, nous avons cherché un restaurant. Une terrasse nous a semblée sympathique mais il n’y avait pas de menu. On nous a proposé comme unique plat de la soupe. Jusqu’ici les soupes étaient à la viande. Ici, elle est au poisson d’eau douce.
J’ai mis de côté le poisson, et j’ai essayé de manger le reste. J’ai rapidement abandonné. Il n’y a pas non plus d’eau en bouteille.
Les moldaves ne boivent pas l’eau du robinet. A la campagne, ils ont tous un puits. Hier, je n’ai pas pu refuser même si j’appréhendais un peu. Ce soir, Igor a un peu de fièvre mais je ne pense pas que cela soit en lien avec l’eau bue hier. J’espère qu’il ira mieux demain.














Jeudi 17 août : Soroca
Belle balade encore aujourd’hui. Igor va mieux, ouf ! Ce matin, l’objectif est de visiter deux sites proches.
Le premier est facile d’accès. On a suivi le Dnierst grâce à une ancienne promenade touristique. Soroca a été élue plus belle ville touristique en 1928 ! Il y a encore des vestiges des aménagements, mais plus de touristes.
Nous accédons à une tour qui s’appelle « la chandelle de la reconnaissance » après un escalier de 646 marches ! Cette tour célèbre les inconnus qui ont œuvré pour préserver la culture moldave.
Nous croisons une dizaine de touristes moldaves. En bas, il y a un puits avec un seau et un gobelet pour les personnes qui ont soif.
Le deuxième site est en partie inaccessible. Nous arrivons à voir les falaises calcaires mais le monastère rupestre est pratiquement impossible à atteindre contrairement à ce que laissait supposer les photos sur internet. Il n’y a aucune indication et le chemin est bien trop abrupt pour nous.
Sur le chemin du retour, nous voyons une église récente en bois. Elle date de 2012. Les monuments religieux en Moldavie sont récents, ou reconstruits complètement. Parfois, avec des matériaux de mauvaise qualité et ils doivent être restaurés quelques années après comme la cathédrale de Soroca.
L’après-midi nous visitons la colline des tsiganes qui est un quartier de Soroca. Il y a une grande communauté tsigane dans cette ville. Elle est très ancienne. Son installation date de la Renaissance. Ils travaillaient les métaux pour réaliser des armes pour le gouvernement moldave. Dans les années 80, ils se sont enrichis en créant des entreprises et en commerçant avec l’Union Soviétique.
Soroca était la capitale des tsiganes de l’URSS. Ils ont un roi qui a construit sa maison en s’inspirant du bâtiment américain du Capitole. Un autre a reproduit le Bolchoï.
Il y dans ce quartier plein d’immenses maisons qui ressemblent à des palais. Certaines sont occupées, d’autres vides ou abandonnées alors qu’elles ne sont pas finies. C’est un quartier extraordinaire.
Certains tsiganes, surtout des femmes et des enfants, sont curieux de savoir d’où on vient. Ils nous adressent la parole en russe. Quelques femmes nous ont demandé de l’argent. Depuis la fin de l’Union Soviétique et surtout depuis la guerre en Ukraine, le commerce tsigane est en difficulté.
Il y a aussi dans ce quartier une église orthodoxe entourée d’un cimetière tsigane. Même si je n’apprécie pas les cimetières, celui là est à visiter. Il est vraiment atypique par ses stèles, les gravures, les fleurs, les statues, les différents tombeaux, qui sont parfois de petites maisons. On a l’impression d’un cimetière très vivant où il est important de préserver la mémoire familiale. Il y a de nombreuses tables, je fais l’hypothèse que les tziganes viennent s’y recueillir souvent et y manger.
Pour accéder à cette colline, nous prenons un chemin qui est atypique aussi. Au milieu de ce sentier, on a vu des courgettes, des marches faites avec des radiateurs, des pneus découpés en corolle comme pots de fleurs. Beaucoup de rues ne sont pas goudronnées contrairement aux autres quartiers de Soroca. Cette dernière visite m’a enchanté.







































Vendredi 18 aout : retour à Chisinau
Nous visitons, ce matin, le bazar de Soroca. Il est immense pour cette petite ville. On y vend de tout, il y a même une allée de bonbons. Il est beaucoup plus grand qu’un hypermarché occidental. Nous sortons par la porte des pièces détachées automobiles.
Le retour à Chisinau est facile cette fois, il y a peu de monde. Cette petite gare routière est internationale : on peut partir pour Moscou ou Kiev !
En Moldavie, dans toutes les villes, il y a plusieurs monuments commémoratifs. A Soroca, un monument pour les soldats tués en Afghanistan avec l’armée russe, jouxte un monument pour les hommes tués en 92 par cette même armée. Plus loin, la libération de la Moldavie par l’armée rouge en 44, quand la Roumanie était du côté des allemands et derrière, une statue d’un roi moldave. Contrairement à certains pays, la Moldavie garde ses monuments. Cela lui sert peut être de repères historiques !
Le trajet dure 2 h 30 en bus. De la gare à notre hôtel, je trouve le chemin difficile. Il y a à peine 30 minutes de marche, mais il fait chaud, une partie du chemin est au soleil, la circulation automobile est intense et je trouve mon sac à dos plus lourd que ce matin.
Nous retrouvons la même pension sympathique qu’au début de notre séjour, dans un quartier calme. La propriétaire nous donne la chambre la plus luxueuse de l’hôtel pour le même prix car nous sommes déjà venus. Je préfère la première dans la cour intérieure, mais je ne veux pas la décevoir.
Après un temps de repos, nous nous baladons à nouveau dans Chisinau. Nous passons devant la cathédrale où il y a un office retransmis aussi à l’extérieur. J’aime bien entendre les chants. Les messes orthodoxes sont très longues. Les fidèles restent debout mais ils peuvent rentrer et sortir pendant l’office.
Demain, nous allons à Comrat en Gagaouzie !




Samedi 19 août : Comrat (Gagaouzie)
Aujourd’hui, départ par le trolley bus pour la gare du sud. Pendant qu’Igor achète les billets pour Comrat, je cherche le mini bus. Il se remplit très vite, mais nous trouvons une place facilement car nous sommes dans les premiers à monter. Destination : la Gagaouzie, une république autonome.
Sa population d’origine turque est aussi orthodoxe. Les gagaouzes utilisent un dialecte turc et le russe. Le roumain est très peu employé.
La Gagaouzie est une très petite république partagée en cinq morceaux mais qui tient à son autonomie. Elle est soutenue par les russes et les turcs. En 92, pour éviter la guerre comme en Transnitrie, les moldaves lui ont accordé une certaine autonomie. Dans les anciennes républiques soviétiques et en Russie, il y a beaucoup de petites régions qui ont un tel statut.
La capitale est une petite ville qui n’est pas touristique. Il n’y a rien de particulier à voir et le seul musée est fermé. Nous la visitons pour son ambiance qui diffère de Chisinau, pour son côté désuet, soviétique. Il y a par exemple une statue de Lénine, ce qui est devenu de plus en plus rare dans les anciennes républiques soviétiques, et un buste d’Ataturk. Cela a été une balade agréable. Nous n’avons pas croisé d’étranger !



















Dimanche 20 août : retour à Chisinau puis Bucarest
Aujourd’hui, journée terrasse ! Un café au « Bonjour café » en écoutant des chansons françaises des années 60. Plus tard, une limonade. Un repas dans un restaurant turc et juste avant de partir, une orangeade.
Entre temps, nous avons visité un petit musée Pouchkine comme il y a quelques années à Odessa. Le poète a été exilé à Chisinau et à Odessa par le tsar. Dans ces deux villes, on a senti l’importance de la mémoire russe (ce qui ne doit plus être le cas aujourd’hui à Odessa, mais en Moldavie, les 2 employées ont l’air passionnées).
Nous refaisons un tour de la ville en passant par le lac. Là aussi, on voit des chiens errants mais tout à fait pacifiques.
Je continue à photographier les statues. Une en mémoire des héros soviétiques, une rappelant l’emplacement du ghetto juif mis en place par les roumains avant leur déportation, une autre pour un couple de chanteurs contemporains.
Très souvent, devant ces statues, il y a des fleurs fraîches ou des couronnes. Il y a beaucoup de fleuristes en Moldavie. On croise beaucoup de personnes portant des bouquets. Hier soir, à 22 h nous avons vu une allée de boutiques de fleuristes encore ouvertes.
Notre voyage en Moldavie se termine, nous reprenons le train pour Bucarest. Seulement deux trains dans cette gare, un pour Kiev et un pour Bucarest. Les chemins de fer n’ont pas été entretenus et il y a très peu de lignes qui fonctionnent.
J’ai beaucoup aimé l’ambiance de ce pays. Contrairement aux blogs que l’on a lus, c’est un pays très agréable à visiter.
Le passage de la frontière à été aussi long qu’à l’aller. Contrôle des passeports par les moldaves, changement des roues, petit trajet le long d’un corridor de barbelés, contrôle des passeports, passage d’un douanier. Avec le mot magique : touristes ! Les touristes ne sont pas interrogés ni fouillés. Nous voici à nouveau en Roumanie.
















Lundi 21 août : Bucarest
Nous sommes à Bucarest jusqu’à demain matin. On a retrouvé le jeu de piste propre à cette ville. Comment trouver des maisons anciennes, derrière les immeubles ou les bâtiments « Ceausescusien » ? Surtout ne pas se fier aux itinéraires Google ou Yandex qui proposent de grands détours pour passer devant les immeubles ; chercher plutôt les petits passages pour passer derrière et voir ces maisons cachées et raccourcir les trajets.
Après avoir entendu pratiquement que du russe pendant plusieurs jours, j’ai des difficultés à remobiliser mon anglais. Nous sommes passés par l’hôtel de bonne heure ce matin, et j’ai demandé en anglais si nous pouvions déposer nos sacs à dos. On a bien ri, car le veilleur m’a répondu : speak english ! Au palais du gouvernement, quand je prends les tickets, le guichetier me répond en français.
Nous décidons au dernier moment de visiter ce palais, symbole de la mégalomanie de Ceausescu. Plus de 1000 pièces, construit en 7 ans jour et nuit à partir de 1984, richement décoré. Ceausescu a été exécuté avant la fin des travaux. Une visite à faire. Mais au bout d’un moment, cette architecture est tellement imposante que j’ai eu envie de sortir. C’est obligatoirement une visite guidée.
Nous sommes revenus dans l’enceinte du palais pour voir une exposition de peinture conseillée par la tante d’Igor : un macédonien qui a été son voisin.
Cette fois ci, personne ne nous empêche de rentrer dans le parc, ou nous demande quoi que ce soit. Mais nous avons tellement hésité qu’un gardien est sorti de sa guérite pour nous dire de manière très autoritaire que nous pouvions avancer. Cela nous a surpris.
Cet après midi, nous avons terminé par une visite complètement différente : le musée des villages. Depuis 1936, les roumains ont démonté de vieilles maisons ou des églises pour les reconstruire sur le site. J’ai beaucoup aimé les fresques d’une très vielle église.
Bucarest est très différente de Chisinau, c’est une très grande ville bruyante avec beaucoup d’agitation. Par contre, ici aussi, il y a de très grands parcs et des lacs dans l’enceinte de la ville. Il y a des touristes notamment français, mais on est très loin du sur-tourisme.
Demain, nous nous envolons pour Marseille avec comme toujours un autre projet : celui de visiter la Moldavie roumaine réputée pour ses monastères.






















