Sud de la Russie – octobre 2019

Samedi 19 octobre : départ pour Barcelone

Inquiétude numéro un : demain nous prenons l’avion à Barcelone. Est ce que nous allons pouvoir passer la frontière ? Encore une histoire de frontière ! Normalement cela devrait être plus facile que la frontière kirghize de cet été mais avec les manifestations catalanes, nous avons un doute.

Dimanche 20 octobre : Barcelone

Nous avons passé la frontière sans encombre. Du coup nous avons visité à nouveau le centre de Barcelone. Nous avons eu largement le temps. La ville semble calme, nous n’avons pas vu de trace des événements sauf quelques banderoles.

Lundi 21 octobre : Moscou

Nous sommes arrivés à Moscou sous une pluie battante. Au contrôle des passeports, je suis passée sans problème. Depuis l’Arménie, j’ai toujours une inquiétude. Pour Igor, cela a été plus long. Dans leur listing les personnes portant son nom de famille sont très nombreuses.

Surtout, malgré son nom russe, il n’a pas de patronyme, car il est né en France. S’il était né en Russie, il s’appellerait Igor Dimitriovich B. Les russes ont le prénom de leur père dans leur nom. Femme ou homme, d’ailleurs. Le policier a mis du temps à comprendre que ce n’était pas le cas pour les français, même ceux qui ont un nom russe et qui parle russe.

J’ai attendu sa sortie avec un peu d’inquiétude.

La Russie est un pays de contrastes : le train qui nous amène au métro est flambant neuf et moderne, alors que nous voyons des trains de banlieue avec des banquettes en bois.

Nous retrouvons le métro de Moscou, avec ses particularités : le contrôle des sacs comme à l’aéroport, les escalators immenses, les escalators de secours, surveillés par des employés dans une guérite, les couloirs interminables pour aller d’une ligne à l’autre et les stations décorées.

Nous trouvons sans difficulté l’immeuble où nous avons loué un appartement. Un vieil immeuble soviétique, typique. Le code de la porte fonctionne, mais la boite aux lettres où il devrait y avoir la clé n’a pas de cadenas comme prévu. A la place, un trou. Et bien sûr pas de clé. La réservation est une réservation Booking mais nous n’avons pas de numéro pour appeler.

Il est 11 h du soir. Nous devons chercher un autre hébergement. Nous reprenons le métro. Le contrôle de nos sacs se fait dans une sorte de grand four à rayon X. Le nouvel hôtel est clean et facile d’accès. Ouf ! Il est impossible de trouver à manger à cette heure là. Mais nous ne dormirons pas dehors.

Mardi 22 octobre : Moscou (suite)

La journée a été plus calme, mais nous avons du changer d’hôtel. Celui de la nuit dernière était complet. Nous changeons de quartier. Le premier était luxueux, l’hôtel trouvé pour ce soir est dans le quartier chinois. Les restaurants sont chinois mais cela n’empêche pas d’avoir des églises à chaque coin de rue.

L’hôtel est dans une impasse, et il loue aussi des chambres à l’heure ! Malgré cela il est très agréable.

Nous avons réservé une exposition d’un peintre russe du 19ème siècle, Polenov, mais Igor s’est trompé de musée, nous avons du nous dépêcher pour être à l’heure.

C’est un peintre qui a beaucoup voyagé. Ses tableaux russes sont remarquables. Les autres à mon goût sont sans intérêt. Comme en France lors des expositions, il y a beaucoup de monde.

Nous sommes revenus par la Place Rouge, interdite une fois encore, car les militaires répètent un défilé pour l’anniversaire de la Révolution d’octobre. Elle est toujours aussi belle.

Je voulais visiter à tout prix à nouveau la basilique St Basile le Bienheureux. C’est une autre ambiance qu’à Pâques. Il y a beaucoup moins de lumière et elle est presque déserte. Un vrai plaisir de déambuler dans les corridors, escaliers, chapelles. Je suis toujours admirative des motifs fleuris de cette basilique.

En hiver, il doit y faire froid car le siège du gardien est flanqué de deux chauffages.

Nous traversons le Gum, le centre commercial très kitch ; les fleurs du printemps sont remplacées par des arbres d’automne. Ce lieu commercial populaire a été transformé en galerie de luxe. Avec une ambiance de Disney Land. C’est dommage, mais cela m’amuse, contrairement à Igor.

En marchant, nous croisons des cantonniers, qui sont des femmes comme en Asie. Cette fois-ci, elles sont en tenue d’hiver.

Je suis épuisée ce soir, et il fait froid.

Mercredi 23 octobre : Astrakan

Nous prenons l’avion pour Astrakan, où nous retrouvons la douceur du sud. La ville est au bord de la Volga et aux portes de l’Asie Centrale. Elle ressemble beaucoup aux villes visitées cet été.

Pendant le vol, j’étais placé à côté d’un charmant russe avec qui j’ai communiqué en anglais. Igor a été pris à partie par un autre russe, pour une histoire d’emplacement de bagages. Le ton est monté. Mon voisin m’a dit « c’est normal, ce sont des russes ». Je lui ai demandé quelle était sa nationalité, il m’a répondu qu’il était russe lui aussi. Nous avons ri.

Juste avant d’arriver à Astrakan, le paysage survolé est très beau : il y a plusieurs lacs salés avec de belles couleurs.

Nous avons pris un taxi collectif pour aller à l’hôtel ; 1 h de trajet pour 30 centimes. On pensait que le taxi nous arrêterait dans le centre, mais impossible de savoir où. Du coup, nous sommes allés jusqu’au terminus pour reprendre une autre ligne et trouver l’hôtel.

Nous étions un peu perdus. Les taxis collectifs russes ont 20 places. Ils appartiennent au chauffeur, même si le prix est fixé par la ville. Ils sont très nombreux et ils sont très utilisés. Le prix est dérisoire pour nous. Ce qui est typique, c’est que l’on paye quand le chauffeur conduit, l’argent circule de voyageur en voyageur jusqu’à atteindre le chauffeur qui rend la monnaie de la même façon.

Aujourd’hui, nous avons visité la ville. Elle est charmante, avec un mélange de maisons en bois et de bâtiments plus récents. La promenade le long de la Volga doit être animée en saison, aujourd’hui cela manque d’animation.

Les péniches, les cafés sont fermés. On ne voit que quelques pêcheurs. La ville est sereine, le ciel est bleu. Nous nous régalons à flâner.

Jeudi 24 octobre : Astrakan (suite)

Ce matin, nous avons visité le Kremlin d’Astrakan dont l’enceinte est fortifiée. A l’intérieur, il y a un grand parc, avec tout autour des bâtiments datant du 15ème au 20ème siècle. C’est désert là aussi. Le Kremlin est, comme à Moscou, le lieu du pouvoir civil et religieux. Un bel endroit. J’ai été étonnée de voir des offrandes : noix, farine, sur un autel dans une chapelle.

Vendredi 25 octobre : départ pour Elista

Ce matin, en sortant de notre chambre d’hôtel, la logeuse nous a longuement parlé en russe, très rapidement. lgor ne comprenait rien. Devant notre incompréhension, elle nous a enjoint de la suivre. Elle nous a amené dans un petit restaurant pour le petit-déjeuner. Nous étions surpris car cela n’avait pas été le cas hier.

Hier nous avons cherché un café qui faisait des petits déjeuners comme à Moscou, mais en vain. On a trouvé un café de style américain pour boire un thé et manger du pain sans beurre ni confiture. Nous n’avions pas envie de saucisses ni de frites de bon matin.

Aujourd’hui on nous a servi un thé, des œufs, du yaourt et un bol de porridge d’avoine : la kacha russe, avec heureusement des morceaux de brioche.

Les rares clients russes de l’hôtel n’ont pas eu le bol de porridge mais une salade de choux. Les restaurateurs ont du nous prendre pour des anglais : Ils ont du se dire que les anglais mangeaient du porridge.

A Astrakan les gens ne parlent pas anglais, ni français bien sûr. Ils ne sont pas habitués à parler à des étrangers, ils parlent vite. Et parfois, ils manquent de patience, quand Igor a des difficultés à comprendre.

Surtout à la gare d’autobus. Heureusement, certains ont fait des efforts et nous ont aidé car nous n’aurions pas pu prendre le bus autrement. Il y a en fait 3 gares différentes. A chaque gare, un contrôle des bagages ! On a vu le moment où on ne trouverait pas le bus pour la Kalmoukie.

Devant l’incompréhension d’Igor, les guichetières hurlent. Ce qui ne facilite pas la communication. Le numéro du bus de la réservation ne correspondait pas à celui du bus réel. Aucune trace de notre trajet sur les affichages. On a fini par comprendre qu’il fallait aller à la plateforme 1. Et là, problème : ils avaient vendu plus de tickets que de places.

On prend aussi conscience que nous n’avons pas de suppléments bagage. Heureusement, nous avons eu la bonne idée de les laisser à l’hôtel. Nous ne faisons qu’une excursion de 2 jours à Elista. L’hôtel a accepté de les garder.

A la gare, les gens râlent car il n’y a pas de place pour tout le monde. Nous sommes une quarantaine pour un bus de 21 places. Mais les réservations sont prioritaires. Chaque personne doit montrer son passeport pour rentrer dans le bus.

Il démarre enfin, et là une femme l’arrête, en criant que ce n’est pas normal car elle a payé sa place et qu’elle ne peut pas prendre le bus. On croit comprendre que deux hommes sont passés avant elle. Un passe droit, un bakchich ? On ne sait pas.

Le conducteur parlemente, l’employé de la gare s’en mêle, et puis la police. Mais nous partons sans la femme.

La route entre Astrakan et Elista porte le nom d’autoroute. En réalité, c’est une route à deux voies que les troupeaux de moutons ou de vaches peuvent traverser.

Des steppes à perte de vue, quelques rares villages qui sont parfois en terre battue. Deux arrêts, un de 5 minutes et un autre de 10 minutes 100 mètres après. Nous n’avons pas tout compris.

Les stations sont rudimentaires. Quelques bars et toilettes dont beaucoup sont fermées. Les toilettes sont d’un standing légèrement supérieur à celles du Kazhakstan. Elles sont individuelles, ce ne sont pas des trous mais des wc turcs, et pour la modeste somme de 15 roubles, on peut avoir 2 petites feuilles de papier à toilettes. A prendre sous la surveillance de la responsable, pas très souriante. Mais ce n’est pas propre, et il n’y a pas de chasse d’eau. Plus exactement, il faut utiliser un broc à remplir au lavabo. L’avantage c’est qu’il n’ y a pas d’odeur comme en Asie Centrale.

Cette région a beaucoup de points communs avec l’Asie centrale : la végétation, les voitures dont certaines sont en conduite à droite, le chargement des voitures à l’intérieur et sur le toit, l’architecture … La population est très mélangée : des asiatiques, des européens du nord, du sud … Cela s’explique par les différentes invasions et déplacements de populations, mongoles et russes.

Plus on s’approche d’Elista, plus la steppe verdit, on voit d’ici et là des essais de plantation d’arbres qui ont plus ou moins réussi.

Nous voici arrivés. C’est une autre Russie, très différente d’Astrakhan.

Le soir, pour 7 euros, nous mangeons du bortsch russe et des raviolis ressemblant à des momos tibétains.

L’hôtel est une bonne surprise, très correct, avec un confort largement supérieur à celui d’Astrakhan, pour le même prix. 30 euros la nuit. Mais là aussi, comme à Astrakan, Booking n’a enregistré qu’Igor. Les logeurs ne font qu’une fiche de police à son nom. Ce qui veut dire que j’ai disparu dans la nature aux yeux de la police. Mais les certificats d’hébergement ne sont pas demandés à la frontière, cela ne devrait pas poser problème.

Samedi 26 octobre : visite d’Elista puis retour à Astrakan

On retrouve à Elista cette ambiance indéfinissable des villes bouddhistes tibétaines. Les gens sont souriants, calmes, accueillants. C’est peut-être une image d’Épinal, mais je le ressens comme cela. Cette ville est vraiment à part en Russie.

C’est une toute petite république ne comprenant qu’une ville et des petits villages. Les gens vivent du gaz, du pétrole, du caviar et de l’élevage des ovins. Mais surtout de l’état fédéral russe !

C’est une ville où les infrastructures ne sont pas entretenues : beaucoup d’immeubles datant de l’époque soviétique, de vieilles maisons en bois blanches et bleu, des trottoirs défoncés. Un taux de chômage important. Pourtant cela n’apparaît pas à première vue quand on voit les habitants.

Une ville particulière surtout par sa population originaire de Chine. Ce sont des mongols nomades qui se sont réfugiés dans cette région et ont créé la ville au 17ème siècle. Ils ont été décimés lors de la révolution russe car ils ont pris partie pour l’armée blanche. Puis, après l’occupation allemande, ils ont été déportés en Sibérie. La population n’a pu revenir qu’une dizaine d’années d’après.

La liberté religieuse ne leur a été accordée qu’après la disparition de l’URSS. Ce qui, comme dans le reste de la Russie, a exacerbé le retour du religieux.

Dans la ville, un temple immense avec un Bouddha, le plus grand d’Europe. Des moulins à prières, des portiques, des toits en forme de pagode … On a du mal à se sentir en Russie.

Les lieux religieux sont animés, on y voit beaucoup de croyants. En ville, et aux abords des temples, on croise des équipes de volontaires qui entretiennent les lieux.

Quand nous avons commencé le tour du temple, nous avons tourné à droite. J’aurais dû me rappeler que cela ne se faisait pas ! Les bouddhistes tournent toujours dans le sens des aiguilles d’une montre. Un homme nous l’a fait remarquer. Nous pouvions continuer, mais ce n’était pas le bon sens. On a changé !

A l’intérieur du temple, des offrandes d’argent, de fruits, de petits moulins à prières et du jus de fruits ; des bancs, une multitude de petits Bouddha et un Bouddha imposant. Les croyants ne lui tournent pas le dos, ils reculent pour sortir.

Les téléphones, les photos sont interdits. Ce qui n’empêche pas les fidèles de regarder leurs mobiles …

Les femmes en pantalon doivent mettre un foulard en pagne. Pas un mot, le recueillement est total. J’ai eu l’impression que la statue nous regardait d’un regard bienveillant mais nous enjoignait à plus de sagesse !

Je pensais entendre de l’anglais et rencontrer des touristes, mais ni touriste ni mots d’anglais !

Nous reprenons la route pour Astrakan. A la gare, nous attendions un bus. Et surprise, c’est une voiture qui arrive. Il ne devait pas y avoir assez de voyageurs pour un bus. Les autres passagers sont froids, on sent bien que nous sommes des étrangers.

Dimanche 27 octobre : Astrakan, puis retour à Moscou

Hier, sur la route, il y avait un incendie important. Ce matin, il y a une odeur de feu dans la ville. Les incendies dans la steppe doivent être fréquents.

Nous avons retrouvé notre hôtel très basique, un lit trop petit, avec des ressorts inconfortables. Heureusement, les toilettes et la salle de bain sont privatives. C’est la seule chambre qui ait des toilettes privatives dans cette annexe. Nous avons découvert ce matin que le bâtiment principal de l’hôtel était plus luxueux.

Le café de l’hôtel étant fermé le dimanche, le petit-déjeuner est servi au bord d’une piscine avec un sauna. Comme nous avons du temps avant le départ de l’avion, nous allons visiter le musée de la culture, qui est en réalité une maison en bois contenant un mobilier des années 30.

L’extérieur a plus d’intérêt que l’intérieur. L’organisation m’amuse toujours dans ces petits musées. Nous étions les seuls à le visiter. Les employées étaient très étonnées de voir des touristes, français de surcroît. L’une d’entre elles nous dit qu’en effet il devait nous paraître exotique car nous venions de loin.

Les employées nous ouvrent les portes et allument au fur et à mesure de la visite. Pour payer c’est tout un rituel. L’employée sort des tickets de son tiroir, les découpe soigneusement avec des ciseaux, 2 par personne. Elle tape sur une caisse enregistreuse pour avoir une facture. Elle agrafe le tout. Puis elle écrit à la main sur un registre. Heureusement nous étions seuls !

Après une balade le long de la Volga, nous décidons d’aller au marché. Le nom me faisait rêver : le bazar tartare. C’est un marché essentiellement de nourriture qui est assez classique en réalité. La seule particularité c’est qu’il est à la fois européen et asiatique. On y vend entre autre des choux, des poissons séchés, du caviar et des esturgeons qui sont des grands poissons impressionnants.

Pour aller à l’aéroport nous utilisons l’équivalent des taxis Uber chez nous. Ils sont là en quelques minutes et le prix est fixé d’avance. Nous avons eu des surprises avec les taxis russes qui nous ont fait payer des sommes exorbitantes. L’application russe Yandex est bien pratique pour nous déplacer, en bus, en taxi et à pied. Est elle plus éthique qu’Uber ? J’ai un doute.

L’enregistrement à l’aéroport est facile, c’est un tout petit aéroport. Sauf que nos cartes d’embarquement sur le téléphone sont refusées, et nous devons faire une nouvelle queue pour avoir une carte papier. Ce qui marche dans un sens ne marche pas dans l’autre.

Nous revoyons la multitude de lacs salés. La mer Caspienne s’est retirée de 70 km en un siècle, ce qui a créé ces lacs et une nouvelle faune et flore particulière qui est maintenant protégée.

Nous avons décidé d’aller dans l’appartement de Moscou que nous avons réservé, le même que le jour de notre arrivée en Russie. Le logeur nous a assuré que la clé était dans la boîte aux lettres et que la dernière fois nous nous étions trompés de porte d’immeuble.

A côté de moi dans l’avion, ce n’est pas le charmant russe de l’aller (que j’ai pourtant recroisé à l’aéroport), mais une russe très sophistiquée avec de faux ongles, un différent à chaque doigt, de faux cils, des bijoux à profusion en or, un maquillage soigné… Beaucoup de jeunes russes sont très sophistiquées.

A l’arrivée à Moscou Le billet de train pour rejoindre la ville acheté sur Internet ne fonctionne pas. Après une longue négociation, l’employé nous fait passer mais nous devrons repayer au retour pour le train qui nous ramènera à l’aéroport.

Je me suis trop couverte en prévision de l’écart de température, j’ai trop chaud !

Lundi 28 octobre : Moscou

Hier nous avons à nouveau cherché l’appartement. Cela n’a pas été facile ! Nous avons fait le tour de l’immeuble mais aucune porte ne correspondait aux indications données. Et dans l’entrée toujours pas de clé dans la boîte aux lettres cassée.

Nous avons cherché en vain, comme l’autre fois. Cette fois nous avons le numéro du propriétaire. Mais Igor n’a pas compris ses indications en russe. Le propriétaire parlait anglais, mais je n’ai pas compris ses indications en anglais !

Nous avons cherché une boîte à lettre. A un moment, le propriétaire nous a dit d’aller au premier étage : « first floor ». J’avais oublié que dans beaucoup de pays, c’est le rez de chaussée. Le propriétaire me parlait de l’ascenseur… Bref, une incompréhension totale.

Une occupante de l’immeuble a fini par comprendre en écoutant longuement les explications au téléphone. Mais pas du premier coup, car c’était une boîte à clés fixée en dessous de l’escalier, dans un recoin sombre derrière une poussette et dont le code donné par mail était faux.

Bref, impossible à trouver seul. Nous avons été soulagés, enfin nous avons pu rentrer dans l’appartement.

J’avais envie de voir comment était un logement dans un immeuble de l’époque soviétique. Très sommaire, les volets cassés… mais fonctionnel.

Il y fait très chaud, au moins 25 degrés. Le système de chauffage est collectif. A Moscou, des centrales au gaz disséminées dans toute la ville chauffent des tuyaux d’eau chaude. La chaleur provient des radiateurs mais aussi des tuyaux qui ne sont pas encastrés. Parfois lors des hivers très rigoureux les conduites gèlent.

A l’époque soviétique, les appartements étaient vendus à un prix dérisoire, ou donnés si on était dans la ligne du parti.

Les immeubles de cette époque sont parfois délabrés mais leurs habitants n’ont pas toujours les moyens de se reloger ailleurs. Ce qui fait que se côtoient des immeubles flambant neufs et des immeubles ou des maisons très délabrés, comme en Asie Centrale.

Mardi 29 octobre : Moscou (suite)

Aujourd’hui nous avons visité le « parc de l’amitié avec les anciennes républiques soviétiques ». Un immense parc en rénovation. L’architecture est typiquement soviétique, démesurée, clinquante. Ce n’est pas beau mais caractéristique d’une époque à la gloire du soviétisme et des lendemains qui chantent.

Chaque république a son pavillon. Le parc a été laissé à l’abandon après la disparition de l’URSS mais il est en cours de restauration.

Les premiers pavillons restaurés n’ont pas été choisis par hasard. Ce sont les bâtiments des républiques qui ont accepté de faire partie de l’Eurasie, un espace voulu par Poutine permettant la libre circulation des personnes et des biens : la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et l’Arménie.

Le pavillon de l’Ukraine a été transformé en maison de l’agriculture ! Les relations entre les deux pays sont conflictuelles depuis l’invasion de la Crimée.

A l’entrée du parc, de la musique russe, et des chants enjoués. Puis la musique a été remplacée par de la musique anglo-saxonne. C’était dommage cela n’avait plus de sens.

C’est un lieu de balade très prisé des moscovites. Il faisait trop froid à mon goût pour que je l’apprécie vraiment. Je suis trop frileuse.

L’après midi nous avons visité un dernier musée, celui des impressionnistes, où il est expliqué que l’impressionnisme n’est pas uniquement français mais que d’autres pays ont contribué à ce courant.

Les russes, comme les français d’ailleurs, ont l’impression d’avoir tout inventé. Ceci dit les américains, les géorgiens et surtout les Azéris aussi. D’autres pays sont plus modestes et plus ouverts sur la richesse d’autres cultures.

Les collections permanentes sont russes. Ce sont des tableaux peints au vingtième siècle. Certains par des peintres qui les ont cachés car ils ne correspondaient pas aux diktats de l’époque. Leurs auteurs risquaient la déportation en Sibérie ou au minimum être mis au ban du parti.

Il y a des tableaux très beaux. Certains ne sont pas datés avec précision car ils ont été retrouvés après la mort de leur auteur personne ne peut dire quand ils ont été réalisés.

On en a vu beaucoup lors de notre premier voyage à Moscou à la galerie Tetrakioff. Il y avait aussi une collection temporaire de tableaux impressionnistes venant d’Espagne (essentiellement de Barcelone !).

Quand nous avons visité le de peinture du 19ème et 20ème siècle à Astrakan, il y avait la répétition d’un récital. Le fait de regarder les personnages des tableaux avec la musique de la même époque et du même pays nous donnait l’impression qu’ils étaient en vie ; cela constitue une dimension de plus à la vue des tableaux. J’ai vraiment apprécié : on pouvait s’imaginer la vie des personnages peints.

Ce qui était fortuit à Astrakan, l’alliance de la vue et l’ouïe, est mis en scène dans ce musée moscovite, mais avec le toucher et l’odorat. A côté de certains tableaux il y a un modèle en relief sans couleur (surtout pour les non voyants), un bateau par exemple, mais aussi des récipients contenant une fragrance en lien : l’odeur de rose ou de forêt ou de vieille maison. J’ai beaucoup aimé ce mélange des sens.

Nous avons fini notre journée par une dernière balade sur la place rouge. Malgré le froid, je trouvé cette place magnifique. Un peu gâchée sur un côté par les lumières du Goum trop ostentatoires. Mais les autres côtés sont extraordinaires, je suis toujours heureuse de me retrouver là.

Nous choisissons un restaurant folklorique qui nous avait amusé la dernière fois. Cette fois ci, l’ambiance n’est pas la même. Nous avons été surpris par l’accueil. On a cru que l’on nous proposait de mettre nos manteaux au vestiaire. Mais ce n’était pas une proposition, nous étions obligé de le faire autrement nous ne pouvions pas entrer !

Heureusement, la cuisine russe est de qualité dans ce restaurant, et nous étions trop fatigués pour en chercher un autre. Nous avons retrouvé avec plaisir notre appartement surchauffé.

Mercredi 30 octobre : retour en France

Je reviens de ce voyage avec une petite entorse et fatiguée en raison des décalages horaires (l’heure est différente à Moscou, à Astrakan et à Elista) ; fatiguée aussi par les kilomètres parcourus dans le froid le dernier jour, mais comme d’habitude ravie de toutes ces découvertes, et prête à repartir.

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